Mais pourquoi partir... à 17 ans?!
Début septembre, on parcourt la longue route qui nous sépare de l’aéroport de New York. On s’y rend, car l’une de nos filles s’envole à partir de là, en direction de l’Italie pour près d’un an… Une si belle aventure qui l’attend… mais pendant cette longue route, j’ai tout de même la réflexion… Mais pourquoi? Je sais, je sais, je me suis déjà posé la question. Malgré tout, je me demande pourquoi ma fille ne quittait pas uniquement pour la période estivale, pourquoi ne pas partir uniquement le temps d’une session, pourquoi ne pas simplement partir avec son sac à dos, plutôt que d’aller vivre dans une famille inconnue et d’aller fréquenter une école dans une langue qu’elle ne connait pas? Pourquoi prendre le chemin le plus tortueux?
Et
pendant que tous ces pourquoi m’assaillent, je sais. En partie.
Le voyage de quelques semaines est extraordinaire, mais je suis consciente que les expériences vécues lors de ce genre d’escapade ne se comparent en rien à celles que l’on vit lorsqu’on part longtemps. Lorsqu’on donne le temps au temps. Lorsqu’on ne prend pas de raccourci. Au contraire, lorsqu’on prend le chemin le plus long, ou le moyen de transport le plus lent! Je sais que ma fille de 17 ans, même si elle n’est pas pleinement consciente de tout ça, l’a déjà probablement déjà intégré au fond d’elle, eh bien, je crois… Je la trouve extraordinaire d’avoir la capacité de se lancer dans le vide ainsi, de se placer dans une situation qui la sort totalement de sa zone de confort… Je lui ai demandé d’écrire quelques lignes… Mais pourquoi partir?
Alors, je laisse la plume à Charline.
Mais pourquoi partir pour toute une année scolaire dans un autre pays?
En
revenant de notre année en autobus, j’ai eu le souhait de repartir un an à
l’étranger, afin de découvrir une nouvelle langue, une nouvelle culture, un
nouveau mode de vie. Seule. J’ai décidé de partir un peu plus de 9 mois, dans
une nouvelle famille, une nouvelle ville, une nouvelle école, en Italie. Je
souhaitais partir seule pour, entre autres, faire de nouvelles rencontres,
apprendre une nouvelle langue, mais je voulais principalement me forcer à
sortir de ma zone de confort.
Mon
départ est arrivé beaucoup plus vite que je l’aurais cru. Je n’ai pas eu le
temps d’avoir hâte, ou d’avoir de la peine de partir. Je ne réalisais pas trop
que je partais bien pour presque un an. Encore un mois avant mon départ, je
disais que je partais « l’année prochaine ». Le 3 septembre est arrivé assez vite, avec les finalisations de ma valise, et les rencontres un peu
précipitées avec les gens que je souhaitais voir une dernière fois avant mon
départ. Assez vite, je disais un dernier au revoir à mes parents à l’aéroport
de New York. Sans vraiment réaliser que c’était le dernier câlin que j’allais
avoir de leur part pour la prochaine année.
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Un ultime départ du Portugal, en direction de l'Italie |
Pourquoi
est-ce que je décidais de partir seule, dans un tout nouveau pays avec un océan
me séparant de chez moi?
Durant ma première semaine en Italie, je n’aurais conseillé à personne de partir, seule, loin de tout ce qu’elle connait pour aller s’immerger dans une culture totalement différente de la nôtre. Le sentiment d’être seul, avec aucun repère, en plus de s’ennuyer de ceux et celles que nous avons laissés derrière soi a été assez difficile à vivre. Je n'aurais jamais pensé que l’adaptation serait si difficile.
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Rieti |
Je m’attendais à un petit choc, et non pas à ce grand mélange d’émotions que je vivais. J’aurais pensé que mes expériences de voyage m’auraient aidée, mais ce ne fut pas le cas. J’ai dû vivre mon adaptation à fond, sans aide quelconque. Cependant, je n'ai pas une seule fois regretté mon choix. J'aurais bien voulu un câlin de mes parents, mais je n’ai même pas souhaité revenir au Canada.
J'avais confiance que ça irait en s’améliorant, que je devais seulement
traverser cette passe. Et en effet, tout allait déjà mieux la semaine suivante.
Tout n’était pas parfait, j'étais et je suis toujours en grande adaptation dans
la majorité des sphères de ma vie. Je dois bâtir des relations, les manières de
penser sont différentes, l’école est différente, et tout est dans une langue
que je ne comprends pas trop. Tout est nouveau. Je n’ai pas de points de
repères, pas de visages familiers. Évidemment, j’étais consciente du choc
culturel que j'allais m’infliger, mais je ne pense pas qu’on peut se l'imaginer
sans y être confronté directement.
Mais
alors, pourquoi partir?
Pourquoi
s’infliger ce choc culturel, et cette immense adaptation qui est très loin
d'être facile?
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Le soleil revient toujours... |
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et il y a toujours de la vie pour nous faire sourire... |
Même durant la première semaine, j’aurais répondu pour tous les apprentissages. Je pense qu'on en apprend tellement sur soi lorsqu’on est confronté à toute sorte de situations qui nous sortent de notre zone de confort. Ne pas être stressée pour ma première journée dans une école où je ne connais personne et où tout le monde parle italien m’a un peu surprise, je ne vais pas vous mentir. Mais tout est remis en perspective lorsque nous sortons de notre quotidien et de notre routine.
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Une différente perspective selon l'endroit où l'on se trouve |
Nous en apprenons davantage sur nous-mêmes. Nous en apprenons
davantage sur le monde qui nous entoure. Nous apprenons à apprécier chaque
petit détail. Les couchers du soleil. Les paysages. L’architecture. Les
gelatos. Chaque petite différence qu’il y a entre ce que nous connaissons et ce
que nous découvrons.
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Rome! |
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Un gelato, toujours bon pour le moral! |
Même
après un mois, je ne suis pas certaine que je conseillerais à tout le monde de
partir. Il faut certainement être prêt à vivre toute sorte d’émotions, et être
patient parce que l’adaptation prend du temps. Énormément de temps. Par contre,
je suis certaine que toutes les mauvaises passes en valent la peine juste pour
tous les apprentissages que l’on fait tout au long du chemin.
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Trouver un banc pour prendre le temps de se poser... |
Alors pourquoi partir... à chacun sa réponse, à chacun ses expériences!
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