Ma poêle de fonte ou pourquoi on ne prend pas la gondole.

Ce titre en dit long…. Pour commencer, j'ai reçu une poêle en fonte à la fête des Pères. C'est ce que j'avais demandé. Oui, certains vont recevoir des outils ou une cravate, moi je voulais une poêle de fonte, j'y voyais une grande utilité pour notre voyage. Je salivais à l'idée de manger un steak au beurre à l'ail et fines herbes grillé dans ma poêle de fonte sur un feu de bois. Oui je sais, j'ai des drôle de rêves. Une poêle de fonte c'est lourd, compliqué à laver et toujours plein de suie, surtout quand on l'utilise sur un feu de bois. Bref, c'est jamais aussi simple que dans les vidéos. Ma poêle est trop lourde et prend trop de place pour la ranger dans l'armoire avec ses soeurs T-Fal. Je la range donc dans le coffre de l'autobus, enveloppé dans un linge pour ne pas qu'elle se casse pendant la route. C'est compliqué…


C'est comme modifier un autobus, c'est jamais aussi rapide et simple que sur les vidéos. Mais on dirait que c'est ce que j'aime, me compliquer un peu la vie. Plusieurs personnes m'ont dit: pourquoi tu n'achètes pas un VR, c'est déjà fait pour ça au lieu de modifier un autobus avec plein de travail, de restriction de problèmes. Mais le résultat est différent pour moi, il est différent à mes yeux.

Je me suis souvent posé la question pourquoi je prenais toujours le chemin le plus difficile, pourquoi j'ai besoin de ces défis. En fait, je ne sais pas. Est-ce le plaisir d'accomplir quelque chose qui me semble hors d'atteinte? Est-ce de trouver des solutions à des problèmes très complexes, se dépasser, se surpasser,… probablement.


Plusieurs diront qu’ils ont assez de problèmes personnels pour ne pas s’embourber avec des défis de cette ampleur.  Et c’est surement vrai.  Vouloir se dépasser vient surement avec une sécurité, une base bien établie.  Lorsqu’on est en sécurité familièrement , financièrement, professionnellement, on cherche sûrement d’autres défis.  C’est peut être pourquoi on trippe à se lancer dans de telles aventures.


J'en reviens à la gondole. Nous avons monté le mont Whistler à Jasper. Une montée de 7.2 Km avec une élévation de 1200m. Une bonne randonnée! Nos filles avec leurs désirs , parfois forcés , de nous suivre, n'on presque pas chialé. C'est toujours une fois arrivé au sommet que nous avons un drôle de sentiment. Oui, comme le mont Sulphur, que nous avons également grimpé à Banff, le mont Whistler possède une gondole qui , pour quelques dizaines de dollars, hisse les touristes au sommet du mont où ils peuvent profiter des commodités telles que terrasses, toilettes, restaurants et boutique souvenir. 


C'est donc après 2h41min d'effort intense que nous sommes arrivés au sommet du mont Whistler, à bout de souffle, le chandail trempé, les sacs à dos remplis de bouteilles d'eau et de collation, les souliers pleins de boue et les bras remplis de piqûres de moustiques. Et c'est à ce même sommet que nous apercevons les touristes qui descendent de la gondole, frais et dispos, en gougoune et petite jupe avec leur verre jetable de café glacé Starbuck. Ils n'ont clairement pas l'étoffe d'un randonneur. Ils se pavanent en haut du mont, sans aucun mérite d'avoir salit leurs soulier. Ils se permettent en plus de prendre des selfie avec cette vue imprenable alors qu'ils n'ont pas un cheveu de déplacés ni une goutte de sueur. C'est injuste. Ils ne méritent pas cette vue. Nous l'avons monté cette montagne, nous avons sué, souffert, nous nous sommes surpassé pour nous rendre au sommet. Je déteste les gondoles.

Je blague bien sûr, tout le monde a droit au même paysage et choisir de quelle façon se rendre au sommet. Et puis, nous avons fait cette ascension en toute connaissance de cause.

Cette ascension nous a permit d'avoir une discussion avec les filles sur le fait que dans la vie, on ne part pas tous du même point, certains ont plus d'épreuves que d'autres. Que dans la vie, nous sommes sûrement ceux qui sommes arrivés au sommet en gondole. Nous sommes ceux qui l'ont eu facile sans trop d'épreuves. Probablement qu'on ignore qui des gens qui nous entourent ont monté la montagne avec leurs jambes et ont souffert pour se rendre au sommet avec nous. On ignore souvent le chemin que les autres ont parcouru.

Et encore, me fait remarquer Charline, certaine personnes sont montées en gondole par obligation car, ils n'ont pas l'usage de leurs jambes et ils nous trouvent bien chanceux de pourvoir marcher jusqu'au sommet gratuitement.

Bref, comme dirait la chanson: il n'y a pas de morale à cette histoire banale, que des individus et différents points de vue (Le Chêne et le Roseau,Les Cowboys Fringuants). Alors, pourquoi s'embourber d'une lourde et salissante poêle en fonte plutôt qu'utiliser une bonne poêle anti-adhésive? Pourquoi se casser la tête à modifier un autobus alors qu'on peut s'acheter un Vr déjà tout fait? Pourquoi s'essouffler à monter une montagne quand la gondole peut t'apporter au sommet?

Hé bien de mon point de vue, je dirais que j'aime la cuisson imparfaite de la poêle de fonte qui m'oblige à être concentré sur ce que je cuisine. J'aime imaginer comment sera l'intérieur de mon autobus, participer à la conception apprendre et construire. J'aime marcher en nature en imaginant arriver au sommet de la montagne et découvrir la vue panoramique qu'elle peut m'offrir. J'aime la satisfaction d'accomplir, j'aime me dépasser pour essayer d'aller plus loin la prochaine fois. J'aime aussi avoir la liberté de marcher ou de prendre la gondole parce que la vie m'a choyée et m'a permis de choisir.

Mais j'ai surtout hâte de me faire un steak au beurre ail et fines herbes dans ma poêle en fonte sur un beau feu de bois.

Eric


la vue du sommet du mont Whitsler

Les sourires de satisfaction après une montée



Commentaires

  1. Je crois que ces défis nous apportent le sentiment d'accomplissement et des connaissances qui nous rassurent que nous pouvons tout réussir avec la volonté :) Belle réflexion!

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