16 et 17 septembre : Lorsque la vie te mène du Golden Gate jusqu'à une famille extraordinaire... l'équipage de Brume et Pinocchio

16 septembre

On commence la journée avec une petite marche sur le Golden Gate! La structure rouge métallique mérite bien son titre de l’une des 7 merveilles du monde moderne. Que notre regard se dirige vers l’horizon ou vers le ciel, c’est de toute beauté, partout!

À bord de Bleu Nomade, l’école se poursuit pendant qu’Eric fait des recherches et de nombreux appels pour voir si l’on peut obtenir des pièces pour notre Blue Bird, dans un délai et un coût raisonnable... Et on se questionne, encore et encore. On est pris dans un étrange tourbillon depuis qu’on a visité ce garage. Est-ce qu’ils nous ont fait peur pour rien?!  L’autobus va bien. Elle a été inspectée au printemps... Il y a eu plusieurs milliers de dollars de dépensés à ce moment. Les freins avant ont été changés avant notre départ. On tourne en rond. Un peu comme les pélicans, on dirait. On a tous besoin de positifs... et à 40 minutes de route, à El Granada, se trouve une famille du Québec. Alors...

El Granada ne se trouve pas sur notre route si l'on prend la direction du parc Yosemite ni sur notre route si l’on se rend dans un garage à Sacramento... mais, c’est un détour d’à peine 20 minutes. Daphné me répète à quel point ça serait bien de rencontrer l’équipage de Brume et Pinocchio. Je réécris donc au capitaine qui me confirme qu’ils sont toujours là et qu’ils aimeraient bien nous rencontrer aussi.

Finalement, vers 14h, on réussit à quitter notre stationnement (on s’est retrouvé coincé à travers les autobus de touristes et deux chauffeurs qui ne veulent ni avancer ni reculer! Après notre étrange semaine, on trouve juste cela vraiment drôle, cette rigidité!) et vers 15h, on est stationné à la marina de El Granada. Marcher dans une marina ravive toujours de nombreux souvenirs, qui me font monter les larmes aux yeux. Il faut dire qu’avec la semaine que l’on a passée, et la fatigue accumulée, les émotions sont à fleur de peau.

En même temps, c’est étrange de venir rencontrer une famille que l’on ne connait pas. Ce n’est pas du tout dans mes habitudes. Je prône toujours la spontanéité des rencontres. Je ne sais pas pourquoi cette fois-ci, j’ai écrit à cet équipage. Eh bien, oui, en fait, je le sais. Je suis pleine d’admiration et de respect pour les gens et leur navire qui affrontent les océans. Et cet équipage, on nous en a parlé souvent lorsqu’on est parti sur l’eau, il y a 6 ans : cette famille qui traversait l’Atlantique avec 7 enfants, dont un bébé, accompagnée de leur chien Brume, alors que moi, j’anticipais ma sortie enmer entre New York et Cape May... À notre retour, on les a suivis sur les réseaux sociaux. Pendant que nous, on reprenait notre petit train train quotidien, eux ils continuaient à naviguer et à vivre hors des sentiers battus...

Mais, jamais, je n'ai imaginé croiser leur route. Encore moins, en voyageant en autobus. C'était un trop beau hasard que l'on se retrouve en même temps à San Francisco... Peut-être que parfois, il faut aussi forcer certains éléments.

Pour avoir déjà vécu sur l’eau, on sait à quel point c’est plus facile de se déplacer sur la terre, que sur l’eau. Alors, pourquoi ne pas aller les saluer?!

Marcus, le capitaine de Pinocchio vient cogner à notre autobus. On ne passe pas facilement inaperçu! Les échanges se font naturellement et il repart chercher sa gang. Les enfants se retrouvent à 11 sur la terrasse de Bleu Nomade, alors qu’on est seulement 4 adultes dans l’autobus!  Comme c’est agréable de discuter avec eux! Les heures passent rapidement et les enfants ont le temps de geler sur le toit, alors que le soleil se cache, déjà! Et nous, on doit trouver un endroit pour la nuit! On se dit au revoir... sans savoir si l’on se reverra le lendemain.

Heureusement, on peut stationner notre autobus en bordure de la route, pas très loin de la marina. On savoure un délicieux poisson, acheté plus tôt à la marina, pendant que les filles nous racontent leur échange avec les yeux brillants. C’est incroyable comme une telle rencontre apporte un si grand bonheur. De plus, ce qu’il y a de merveilleux, c’est qu’avec une telle famille, toutes nos filles ont des jeunes de leur âge avec qui parler! C’est unanime, il faut absolument les revoir! Toutefois, Eric et moi, on n’a pas encore pris de décision pour la suite.

Un doux réveil au Golden Gate
 

Une petite pause d'école!
La marina d'El Granada, et ses nombreux bateaux de pêche.


Bleu Nomade et l'équipage de Pinocchio. Il manque Thomas, déjà parti en vélo!



Deux familles, 11 enfants (oups, Thomas n'est pas là!)

17 septembre

Attendons-nous jusqu’à lundi pour avoir un retour d’appel de l’un des garages à Sacramento ou l’on continue notre route comme prévu et on ira plutôt à Phoenix dans un concessionnaire Blue Bird,, si c'est nécessaire?

On n’a pas envie d’attendre jusqu’à lundi, mais on n’a pas non plus besoin de bouger tout de suite. Après tout, on est plus que dû pour aller dans une buanderie, on doit remplir nos réservoirs d’eau et faire des petites commissions... De plus, on a trouvé une place au camping NorthPine dans le parc Yosemite, mais seulement pour mardi soir.

On reste donc une autre journée à El Granada, on pourra donc revoir l’équipage de Brume et Pinocchio. Les filles en sont tellement heureuses!

Marcus et Johanne nous accompagnent à la buanderie et en profitent également pour faire une grosse épicerie. Ça sert à ça aussi, un autobus! En après-midi, les enfants viennent sur terre dans Bleu Nomade et les adultes se rendent sur Pinocchio. La dernière fois que j’ai mis les pieds sur un voilier, c’était sur Perla... et je me souviens de mon dernier tour de dinghy avec Eric, comme si c’était hier... On savait qu’il y avait de bonnes chances que ce soit notre dernier, avant un moment. Je me demande si Eric pense aussi à cela, lui qui a plutôt l’habitude d’être celui qui conduit le dinghy... En fait, je crois qu’il est seulement dans le moment présent!

Comme on est privilégié de passer un moment à bord de ce bateau qui a fait de nombreuses traversées de l’océan... Comme on est privilégié de passer un moment avec Marcus et Johanne. La vie prend une autre perspective en discutant avec eux. À travers les années, on a souvent entendu: Vous allez avoir un autre enfant?  Ça va vous couter cher... Tu quittes ton emploi à temps plein, comment vous allez faire pour arriver? Vous allez vivre à 6 dans un voilier? Et maintenant : vous allez vivre à 6 dans un autobus pendant un an? Et depuis quelques semaines, je fais de l’insomnie avec l’école... car les directions des différents établissements scolaires de mes filles ont toutes les 3 changé en ce début d’année. Il faut que j’aie à nouveau des discussions avec eux, tout est complexe... et compliqué!

Eux, ils sont 9, avec un chien. Les 7 enfants suivent le cursus scolaire. Et tout semble fluide. Fluide ne signifie pas, nécessairement, facile, tous les jours, à tous les niveaux... je présume que ce n’est pas le cas. Mais, plutôt, que la vie suit son cours naturellement.  

On revient sur la terre, et on échange tous les 15 ensembles...Étonnamment, on dirait qu’on est peu nombreux. Personne ne parle fort, personne n’est énervé... Il n’y a que les plus jeunes qui courent autour de l’autobus pour le plus grand bonheur de Luna... et aussi de Florane qui peut enfin jouer avec d’autres jeunes. On n’a pas du tout envie de les quitter... On se dit au revoir à maintes reprises, mais il y a toujours un échange qui n'est pas terminé entre 2-3 personnes, alors on se remet à jaser... Mais, il faut souper et trouver une place pour la nuit. Vers 20h, on se dit au revoir, pour vrai en se donnant rendez-vous pour Noël. On espère de tout cœur les recroiser au Mexique.

Dans Bleu Nomade, il est près de 21h lorsqu’on s’assoit pour souper. Les filles sont tellement heureuses de cette rencontre... et nous aussi. C’est tellement précieux de croiser de telles familles! Dans notre société, on voit toujours sensiblement le même modèle de parcours de vie... et pourtant. Il y a de nombreux chemins possibles. Bien sûr, ils ne nous conviennent pas tous, mais il faut savoir qu’ils existent pour pouvoir faire de bons choix... et surtout savoir qu’on peut aussi changer d’idées à tout moment et prendre une autre direction, tout simplement. On peut ne pas avoir d’enfants ou en avoir tout plein, vivre dans une maison ou sur l’eau, avoir un frigo, même deux, ou ne pas en avoir du tout, travailler de 9h à 5h ou user d’ingéniosité pour payer les factures, s’alimenter différemment, dépenser moins, dépenser différemment. Nos options sont infinies. Il faut simplement être en mesure de les connaitre et de les saisir.

Un doux samedi nuageux, avec les pélicans qui relaxent sur l'eau

On dort en bordure de la route, tout près de la marina.

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