9 au 15 janvier : Les pieds dans le sable, la tête dans les étoiles, les tortues pour nous inspirer... La Ticla un petit paradis sur terre!

Mme la Tortue retourne à la mer...


La Ticla... que dire de cet endroit où le temps semble s'arrêter?!

 

Sans vraiment se dire quoi que ce soit, Eric et moi on a juste arrêté de se poser la fameuse question : est-ce qu’on bouge aujourd’hui? Demain? La Ticla est un petit paradis sur terre et on s’y sent bien, même si malheureusement notre expérience en surf ne nous permet pas d’affronter les vagues, la plupart du temps.  Les nuits sont fraiches et les matins aussi! On peut alors en profiter pour faire de l’école. En après-midi, lorsque la chaleur est trop intense, on va dans la rivière. Elle est peu profonde, mais on se laisse flotter dans l’eau et on se fait porter par le courant intense. C’est suffisant pour se rafraichir.

Durant notre séjour, on s’est tout de même risqués dans les vagues lorsqu’elles étaient moins gigantesques. On s’est fait brasser intensément, mon cœur de mère s’est arrêté également quelques fois en voyant mes filles être prises dans les vagues qui se succèdent, ou encore Daphné qui évite de justesse les vagues qui se brisent, mais qui grimpent tout de même très haut pour passer par-dessus quelques-unes qui doivent faire 6-7 pieds.

Lorsqu’on réussit à traverser les vagues, on a le cadeau de se laisser flotter sur une mer d’un bleu qui nous rappelle un peu celui de certaines iles aux Bahamas... Jamais comme les Exumas, mais peut-être un peu comme dans les Abacos... peut-être Manjack... Peu importe, j’admire l’eau dans laquelle mes jambes se font aller en attendant une vague suffisamment petite pour que je puisse la prendre.... Petite vague qui ne vient jamais.

La semaine passe doucement dans cette micro société, avec des Mexicains en vacances qui viennent surfer ici, des gens d'un peu partout dans le monde, mais aussi de nombreux Québécois, travailleurs saisonniers qui s’installent ici pour 4-5 mois. Les pères se lèvent tôt pour aller surfer malgré le vent froid matinal, ils reviennent ensuite s'occuper des enfants. Ils  se promènent avec les bébés dans les bras, sur les épaules, pendant que les mamans vont surfer. La vie est réglée par les vagues et chacun s’alterne selon le meilleur moment où ils peuvent affronter l’océan. La vie est simple et belle. Plusieurs vivent sous un papala; ils ont tout ce dont ils ont besoin pour leur bonheur : la mer, la brise fraiche de l’océan, de l’ombrage et des vagues à quelques mètres de leur « maison ».

Pour notre part, nous avons admiré les vagues et les surfeurs expérimentés et nous avons attendu à tour de rôle le bon moment pour entrer dans l’eau.

En même temps, j’attendais des nouvelles de mon père qui avait plutôt les murs ternes de l’hôpital comme décor. C’est difficile d’être loin de ceux et celles que l’on aime dans ces moments. En voyage, je pense beaucoup à ma famille et à mes ami.e.s, mais je ne m’en ennuie pas... C’est étrange à dire et difficile à expliquer. J’aimerais vraiment les avoir avec moi, partager un repas... mais je ne peux pas qualifier cela d’ennui. La vie suit son cours et je suis bien où je suis (même si certains jours sont plus difficiles que d’autres! Tout de même, mon bonheur je le trouve beaucoup dans le mouvement, même si pour se faire, je traverse aussi des moments chaotiques et cahoteux......), je suis avec eux en pensée et je leur parle régulièrement. Toutefois, cette fois-ci, c’est différent. En sachant que mon père ne va pas bien, la seule place au monde où je voudrais être, c’est à ses côtés, et aux côtés de ma mère... Alors, qu’est-ce que je fais là?  Je me sens totalement déchirée et surtout impuissante…

Vaut mieux prendre une planche et affronter les vagues. Pendant ce temps-là, mon esprit se vide et je me concentre à ramer avec mes bras le plus vite possible.  Une fois assise sur ma planche, j’observe au loin et je tente d’être au bon endroit pour les vagues à venir. Lorsque je constate que 100% des vagues sont trop grosses pour moi, je prends la décision de revenir sur la plage, encore faut-il choisir le bon moment. Encore une fois, mes pensées ne peuvent s’égarer. Une accalmie devrait me permettre de m’approcher. Les vagues se forment tout de même dans mon dos. Allez, allez, plus vite, mes petits bras!  Et la vague me prend, je surfe sur elle d’abord sur le ventre et je réussis à me mettre en petit bonhomme, yahoo!  Et je reviens à la plage sans égratignure et sans avoir pris de bouillon!  Pourquoi ne pas y retourner?!

La mer en décide autrement. Une première vague se dirige sur moi et va assurément se casser avant que je puisse la traverser. Vite, à l’eau, je fais la tortue, (c’est-à-dire que je me renverse avec ma planche qui devra me suivre sous l’eau afin que la vague passe par-dessus moi) mais ma planche, à laquelle je suis fortement agrippée, se fait tout de même prendre par la vague et on se fait aspirer par celle-ci. Quelques secondes plus tard, je réussis à me sortir la tête de l’eau, j’attrape ma planche, mais je n’ai pas le temps de me sauver de la prochaine vague... Je ne sais pas combien de vagues me ramassent, ensuite. J’ai hâte que ça s’arrête. La machine à laver est intense, mais je réussis à en sortir! C’est assez pour moi , pour aujourd’hui. D’autant plus que notre planche du Costco est sur le point de rendre l’âme. La veille, Charline s’est fait propulser par une vague puissante et la planche a plié... Eric a réussi à surfer avec elle ce matin, mais il ne lui manque pas grand-chose pour que sa carrière soit belle et bien terminée! On va la ménager un peu jusqu’à tant qu’on trouve un endroit un peu moins intense pour surfer...

Alors, les journées passent et le vendredi 13 ne nous apporte pas de bonnes nouvelles. Que puis-je faire d’autre que prier en regardant le ciel étoilé, magnifique ciel, loin de toutes pollutions lumineuses... Eric regarde les billets d’avion… je préfère demeurer confiante même si mon cœur est en miettes. Mon père adore tellement ce Mexique, mes parents y sont venus si souvent.

Samedi est un autre jour, mais je n’ai pas plus de réponses concernant la suite de notre voyage. Je vais marcher sur le bord de la mer. Je rêve de voir une tortue venir y pondre ses œufs. Ici, ils en voient souvent. Chaque matin de la semaine, Charline et moi avons espéré avoir droit à ce spectacle. La marée est très basse ce matin, sûrement que ce n’est pas le bon moment pour que les tortues sortent de l’eau.

Les premières lueurs du jour rendent tout de même la promenade les pieds dans le sable des plus agréables. Je suis privilégiée d’être là et d’avoir toute cette immensité autour de moi. La vie passe vite, vaut mieux en profiter à chaque instant. Les vagues sont gigantesques ce matin. En admirant la puissance de la mer, je pense à mes parents qui devaient venir nous rejoindre au Mexique... Je pense à mon père. C’est lui, entre autres, je crois qui m’a transmis son amour du voyage, mais surtout sa grande confiance dans le quotidien. C’est lui qui m’a enseigné qu’on peut faire tout ce dont on a envie, vraiment tout. Je prie, les yeux perdus dans l’infini. Je me retourne pour rebrousser chemin. Une nageoire me fait un signe... En fait, une tortue bien cachée lance du sable pour ensevelir ses œufs. Comment ai-je pu la voir?!  Je m’assois en retrait. Est-ce que je profite du spectacle, seule?  Mon cœur de mère pense à Charline qui m’a accompagné chaque matin, à part cette fois-ci. Je prends une chance. Je cours jusqu’à l’autobus : « Les filles, il y a une tortue en train de pondre ces œufs. Pas certaine qu’elle va être là toutefois quand on va retourner sur la plage. » Et je repars à la course. J’avais pris le temps d’observer attentivement l’endroit où elle se trouvait. Je la retrouve aisément près de 10 minutes plus tard. Les filles me rejoignent et peuvent profiter du spectacle...Malheureusement, il n’y a qu’Eric qui dort beaucoup trop dur!

Elle est bien zen cette tortue. Toujours les mêmes mouvements de nageoires, puis une petite pause. Elle poursuit son travail, ainsi de suite. Ça fait 11 ans que je rêve de ce moment. Au Costa Rica, en février 2012, on avait réfléchi longuement au fait de partir en pleine nuit pour avoir une chance de voir les tortues venir pondre sur la plage. Mais, avec 4 enfants de moins de 7 ans, dont un bébé de 9 mois, on avait laissé tomber l’idée... d’autant plus qu’on nous avait dit qu’en février il y avait peu de chance qu’on en voit.

Puis, elle termine d’ensevelir ses œufs. Elle se lève la tête et se met en mouvement. Ça va lui prendre une éternité pour rejoindre la mer... Elle se laisse glisser du haut de sa petite butte et continue à avancer lentement. Elle s’arrête. Patiente-t-elle ou fait-elle le plein d’énergie?  Elle fait encore quelques pas. Je regarde la mer déchainée. Comment va-t-elle faire? Je repense à toutes ces vagues qui m’ont fait tournoyer deux jours plus tôt. Une vague se rend jusqu’à elle puis elle glisse avec celle-ci. Quelques secondes plus tard, elle est déjà disparue, sans jamais avoir jeté un œil derrière.  Confiance absolue en le cycle de la vie. Elle a réussi à atteindre l’âge de la maturité sexuelle, elle est revenue pondre sur la plage où elle est née 25-30 ans plus tôt. Elle a creusé, y a laissé ses œufs et les petites tortues affronteront la vie à leur tour. Sera-t-elle de quelques minutes, quelques heures ou une centaine d’années? Nulle ne le sait et clairement, cette tortue ne s’en préoccupe pas. De toute façon, lorsqu’on affronte les vagues de l’océan et tous les dangers qui s’y trouvent, on doit assurément demeurer dans l’instant présent. L’univers se chargera de tout le reste. Confiance absolue dans le moment présent! Merci madame la tortue de m’avoir fait signe afin que j’aie pu partager ce moment avec toi.

Dimanche matin, on se prépare tôt. On a pris la décision de poursuivre notre route, à tout le moins encore un peu. On dit au revoir à toutes les petites familles croisées ici, ainsi qu’à leurs adorables enfants. Et nous revoilà repartis. On s’arrête à quelques minutes de là pour remplir nos grosses bouteilles d’eau. Eric se couche sous l’autobus... ce n’est jamais bon signe.

-On a une ligne à frein qui coule. On ne peut pas aller nulle part.

Eric pince la ligne en question et on revient au camping...

Toute cette réflexion au courant des derniers jours : on remonte vers le nord, on continue vers le sud, je vais prendre un avion pour rentrer auprès de ma famille....  Et une fois qu’on s’est décidé, voilà qu’on ne peut pas bouger.

Eric part avec Nic, un sympathique québécois connu ici. Mais, comme c’est dimanche, rien n’est ouvert. Il faudra patienter jusqu’à lundi. Bon, on regarde autour de nous. Dans notre malchance, on est tout de même chanceux d’avoir cette problématique dans ce petit coin de paradis!

Un jour à la fois! La tortue, elle, semble avoir toujours confiance! 








La rivière pour se rafraichir!



Admirer les vagues... la puissance de la mer!


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