20 au 26 février : Des merveilles... et une route d'enfer pour se rendre à Las Nubes!
Lundi, 20 février : Seuls au monde dans la cenote Chukumaltik
Le soleil est au rendez-vous, mais les vents forts persistent! Pas grave! Puisqu’il n’y a personne sur le site ce matin, on peut choisir la piscine de notre choix. On en trouve une à l’abri du vent. Commencer la journée en faisant quelques longueurs, ça fait du bien!
Et pendant qu’on a de l’eau en abondance, on en profite aussi pour laver l’autobus qui est couvert de poussière.
Vers 9h30, alors qu'un employé aimerait bien nous faire payer pour une autre journée on leur mentionne qu’on est prêts à partir. (Lorsqu'on paie pour une journée et une nuit, on tolère qu'on reste sur la site jusque vers 9h, mais après ça, il faut payer à nouveau!) On serait restés ici plus longtemps, mais nos amis sont déjà prêts à aller visiter la cenote située pas très loin… En plus, il n’y a aucune couverture internet sur le site de Uninajab, et Alixia a deux appels par zoom mardi matin pour conclure totalement ses deux premiers cours de cégep. On a hâte de voir la fin de ces cours!
On prend une grande respiration et on remonte la pente abrupte! Je sors pour aider Eric à tourner dans la toute petite rue, et c’est réussi! Mais, on constatera par la suite, qu’on a accroché un poteau, avant que je sorte de l’autobus pour aider Eric… Notre bumper arrière a une autre petite marque, mais rien de grave. Fiou!
Une dizaine de minutes nous séparent de la cenote Chukumaltik. Le principal défi est de tourner entre les poteaux pour accéder au sentier qui mène à la cenote! Par la suite, le chemin est relativement beau et on arrive rapidement à un grand stationnement. Après avoir diné rapidement, on enfile nos maillots… et aussi nos wetsuits! Avec ce vent, il fait plutôt frisquet et l’eau de la cenote est réputée pour être froide. On va en profiter davantage si on a nos wetsuits! Quelques minutes plus tard, tout le monde est dans l’eau. Le bleu et la clarté de celle-ci est si intense. Mais, il n’y a aucun poisson à observer. On se laisse simplement aller dans l’infini bleuté. C’est si beau! Et on admire Marie-Claude et Sébastien qui, eux, plongent davantage en profondeur. Plus d’une heure passe, alors qu’on semble être en apesanteur!
Je tente ensuite de me promener sur mon paddleboard sur cette eau bleue… mais le vent qui tourbillonne me fait tourner en rond… Ça ne donne rien, et je ressors le paddle board aussi vite que je l’ai mis à l’eau.
On pourrait dormir ici, mais c’est plus dispendieux qu’à Uninajab… et on est simplement dans un stationnement sans vue… Il n’est pas très tard, on peut peut-être se rendre directement dans le petit village à côté des Chutes d’El Chifflon?! Et on reprend la route, qui monte et qui descend, mais qui est moins pire que ce qu’on avait anticipé. On se croise les doigts que là-bas, on aura un bon réseau internet, parce qu’on ne veut pas redescendre jusqu’à Comitan!
1 heure plus tard, on entre dans le très charmant village, tout près des chutes. Et, contre toute attente, on a le meilleur réseau internet qu’on a eu depuis très longtemps! Il faut dire que la tour est juste à côté. On est stationné juste à côté d’un très beau parc rempli d’arbres. On y prend l’apéro avec Marie-Claude et Sébastien, on y est bien!
La soirée est fraiche et paisible. C’est génial, des spots de boondocking comme celui-ci!
La cenote est d'un tel bleu! |
Et l'eau est d'une telle clarté! |
Quand tu veux une photo de famille, mais qu'il y a beaucoup trop de vent! |
Et on repart de la cenote! |
Mardi 21 février : Les merveilleuses chutes de El Chiflon!
On paie 15 pesos pour avoir des donnés illimitées, pendant deux heures. Alixia peut donc faire ses appels avec ses deux profs, sans s’inquiéter si nous aurons, ou non, assez de données!
Elle termine donc ses 2 premiers cours au cégep assis sur ce banc de parc… Je trouve ça assez extraordinaire, je la trouve extraordinaire. Et encore une fois, je me dis qu’il y a tellement de façon de vivre notre vie…
Une heure plus tard, mission accomplie! Deux cours de terminés! Bon, je sais que ça peut sembler bien peu… mais, les défis ont été si nombreux pour en arriver là! Finalement, elle aura pris tout le temps que Cégep à distance accorde : 6 mois pour réaliser tous les travaux et un maximum de 3 mois par la suite pour faire les examens ainsi que les appels avec les tuteurs.
On est maintenant prêts à aller découvrir les fameuses chutes El Chiflon.
On est seuls dans le stationnement, mais lorsqu’on accède au sentier, on constate qu’ici, c’est bel et bien un attrait touristique! Les gens sont nombreux, on n’en avait pas vu tant en pleine nature depuis si longtemps…
Mais, on comprend, c’est réellement magnifique. Les chutes sont nombreuses, le voile de la mariée est la plus haute, mais ensuite on peut continuer pour en découvrir deux autres. Cette fois-ci, le sentier est vide! Nous, on veut se rendre tout en haut, et ça en vaut la peine… même si une chute… ça ressemble souvent à une autre chute. En redescendant, on est surpris de constater qu’il n’y a presque plus personne… En fait, les collectivos arrivent vers 10h et repartent vers 13h… On est juste arrivé au mauvais moment!
On se baigne dans cette eau si bleue, mais également si fraiche! Ça fait un grand bien car il fait très chaud, et le vent est finalement tombé. Mais, on ne s’éternise pas dans l’eau! Je retourne observer les chutes alors qu’il n’y a plus personne. Les filles n’ont toutefois aucune envie de revenir avec moi… D’accord…
Mais, c’est tellement différent d’observer un lieu lorsqu’il est désert. C’est vraiment de toute beauté ici….
On revient à l’autobus en pensant retourner au même endroit que la veille pour y dormir. Car pour dormir dans ce stationnement, il faut payer par personne : 50 pesos… C’est quand même cher pour un simple stationnement. Eric remarque qu’il y a un boyau d’arrosage et on commence à être dû pour faire le plein d’eau. Ok, on va se remplir avant de partir. Mais, la pression est si faible que ça prend près d’une heure… La motivation est partie. On va payer et on va dormir ici, ça sera plus simple ainsi. On va pouvoir sortir nos chaises, notre table et le BBQ. On partage un repas en plein air avec Marie-Claude et Sébastien! On déguste notre délicieux poisson acheté à Puerto Escondido… Et c’est la fin de nos réserves de poissons fraichement pêchés!
Terminer. un cours au cégep sur ce charmant banc... ça n'a pas de prix |
Un parc si joli avec des arbres partout, partout et tout au loin notre Bleu Nomade! |
Mercredi, 22 février : Les ruines Chinkultic et le parc national Lagunas de Montebello
C’est un autre départ. On n’est pas habitués à ce rythme! Mais, on est si contents d’être avec des amis qu’on accepte volontiers de modifier nos habitudes!
Eric et Marie-Claude avaient remarqué un site archéologique gratuit sur notre route, le site Chinkultic, on s’y arrête donc, un peu plus d'une heure après notre départ de El Chiflon.
On pensait y faire une petite promenade tranquille, (c’est ce que j’avais dit aux filles!) mais il y a de très nombreuses marches à monter pour atteindre la fameuse pyramide. Tout en haut, un gardien nous explique que ce lieu servait aux sacrifices. Ce sont les jeunes filles de 15 ans qu’on sacrifiait, car c’est à ce moment qu’elles sont les plus belles. Leur cœur était arraché et on les lançait ensuite dans la cenote tout en bas… Ouf! Une chance que sans cœur… cela signifiait qu’elles étaient déjà mortes! (logiquement!) Cela pouvait aussi être des esclaves ou encore des prisonniers faits lors de combat. On n’aurait pas voulu vivre à cette époque.
Le site est très beau et on y est quasi seuls. La végétation nous rappelle presque Cumberland Island, notre ile coup de cœur de la Géorgie. Cet arrêt en vaut la peine et on pourrait dormir pas très loin, mais on poursuit notre route vers le parc des lagunas de Montebello. La route se fait bien, mais la fatigue se fait de plus en plus sentir. Je fais différentes lectures, mais ce n’est pas très clair ce que l’on doit payer et à quel endroit.
Sur la route, en entrant dans le Parc national, on doit payer pour chaque personne à bord. Cet accès est pour une durée indéterminée. Ok! Ensuite, on se dirige vers le village du lac Tziscao. Il faut à nouveau payer pour entrer dans le village, encore une fois, les frais sont par personne, et cet accès est seulement pour 48 heures. C’est difficile de s’y retrouver… Doit-on payer pour approcher chacun des lacs, ou ces frais sont pour les lacs principaux? On n’y comprend rien et on est fatigués. Vaut mieux trouver un endroit où s’arrêter! Dans ce petit village, les routes sont étroites et abruptes. Je pars donc seule en exploration afin de vérifier si notre autobus peut bien se rendre au point que l’on a sur notre application Ioverlander… Ça devrait aller. En fait, on n’a pas vraiment d’autres options. Ça doit fonctionner. Sébastien et Marie-Claude m’offrent un lift pour retourner jusqu’à l’autobus, c’est gentil!
Et on descend avec notre bus, jusqu'au bord du lac. C’est très joli… mais on dirait qu’on est au Québec. Faire tout ce chemin pour avoir l’impression d’être chez nous… cela nous fait sentir bizarre. Florane, elle, pour sa part, trouve que c’est parfait! Elle est heureuse de retrouver une végétation et un environnement qui lui rappelle sa province. Moi, je déprime un peu… Bon, on a juste besoin de se reposer!
Des marches et des marches... |
Pour avoir finalement cette vue, sur la cenote! |
Les arbres me rappellent ceux de Cumberland Island! |
Jeudi, 23 février : Une virée au Guatemala
Ce matin, le Guatemala nous appelle! En fait, à partir de notre spot dodo, on peut marcher vers le lac International qui est à cheval sur le frontière du Mexique et du Guatemala. Une entente existe comme quoi on peut faire le tour du lac sans avoir à sortir nos passeports… On les apporte tout de même au cas où!
Après une vingtaine de minutes, on traverse un petit pont. Je m’attendais à un lac immense… mais il est tout petit, c’est presqu’un étang!
On franchit la frontière du Guatemala, et on s’amuse à avoir une jambe dans chacun des pays. (J’avoue qu’on s’amuse avec pas grand-chose!)
Le lac en tant que tel n’a rien d’extraordinaire si ce n’est qu’il appartient aux deux pays. On en fait le tour rapidement et on revient à notre autobus. La randonnée a été si courte qu’on pourrait repartir pour faire celles des 5 lagunas, mais personne n’en à envie. Les filles préfèrent toutes faire de l’école… Ok, j’ai compris, on va rester tranquille sur le bord du lac!
Avec ce vent et ce soleil, c’est la température parfaite pour faire du lavage! Après près de deux heures de lavage, de rinçage et d’essorage, j’en viens à la conclusion que la seule chose qui me manque vraiment dans mon autobus, c’est une laveuse! À 6, ce n’est vraiment pas un luxe. J’ai mal partout et pour la première fois depuis très longtemps, j’ai un coup de soleil dans le dos. Je pense à toutes celles qui ont lavé à la main, avant nous... ainsi qu’à tous ceux et celles qui continuent de laver à la main un peu partout à travers le monde! Je ne suis pas du tout à plaindre. Si je lave notre linge à la main, c’est uniquement par choix!
La journée se termine avec un splendide coucher du soleil, alors que les nuages font leur apparition et que les vents intenses demeurent. Va-t-il pleuvoir? J’espère que non, les lacs sont tous plus beaux avec les rayons du soleil… On verra demain!
Un radeau traditionnel mis à la disposition de la communauté |
Lago International |
Un pied au Mexique et un au Guatemala! |
Une fin de journée au Parc national de Montebello... avec les vêtements qui séchent! |
Vendredi, 24 février : La fois où Bleu Nomade est passé sur un pont clairement pas conçu pour un autobus de son poids
On se réveille dans un brouillard dense. Les rayons du soleil vont-ils réussir à se frayer un chemin? Pendant de nombreux mois, le ciel bleu nous a accompagnés sans arrêt… C’est étrange d’être soudain baignés dans cette grisaille. Ça affecte un peu mon moral… Je voulais tant voir ces lacs sous le soleil. Charline et Alixia ajoutent que le ciel gris crée une atmosphère apaisante, tout aussi agréable….
On quitte notre bord de l’eau pour se diriger vers le lac Pojoj. Encore une fois, ce n’est pas très clair où l’on peut se stationner et s’il faut payer à nouveau… Je montre mon petit papier jaune et la personne à l’entrée nous laisse passer. Juste avant le lac, on trouve un endroit pour se stationner, super! On pensait pouvoir gonfler les paddleboard et aller se promener sur le lac, mais il est interdit de mettre ses propres embarcations sur ce lac. Zut. Pour faire une balade d’environ 1 heure en radeau en bois traditionnel, c’est près de 200 pesos par personne. On passe notre tour. De toute façon, la priorité est de faire la randonné qui fait le tour du lac Cincos Lagos. Daphné n’a toutefois aucune envie de marcher… et elle a surtout envie de reste seule je crois… On part donc seulement à 5.
La randonnée offre de beaux points de vue sur le lac, mais le plus impressionnant est la végétation qui nous entoure! La diversité d’arbre et de plantes est grande. On dirait qu’on se promène dans une forêt du Québec, avec de nombreux feuillus, mais il y a aussi toute la végétation qu’on trouve dans les forêts tropicales humides. Après une heure, on ressort de la forêt… et le sentier n’est plus très clair. On suit une petite route, pour arriver à une barrière fermée à clé… et on est du côté privé. Oups! Par chance, on est tous assez mince pour passer entre les barreaux!
Sur cette route, la randonnée devient vite ennuyante, même si l’on atteint un autre mirador. Il faut monter et descendre, et ça commence à chialer un peu… une heure de marche est nécessaire pour qu’on termine la boucle jusqu’à l’autobus. Il aurait été préférable de faire un aller-retour!
Et là, qu’est-ce qu’on fait? On pensait aller dormir un peu plus loin sur le bord d’un autre lac, mais le temps gris convainc Eric d’en profiter pour faire de la route. Après tout, seulement deux heures de route nous séparent des chutes de Las Nubes…
Alors, on dine et on part!
Les routes changent drastiquement. Le décor aussi. On est dans la jungle! La route est extrêmement étroite, et la végétation est partout, partout! On s’en émerveille à chaque instant… Jusqu’au moment où on atteint la toute petite route pour descendre vers un stationnement où l’on peut dormir près de la rivière qui mène aux chutes. Eric tourne vers cette petite rue qui est en fait un chemin de gravel en pente… Deux personnes en tuktuk attendent sur le coin. Eric leur demande si ça passe avec notre véhicule.
Les deux personnes observent notre bus, regardent au loin, regardent notre autobus et à nouveau au loin; et nous disent… Non!
Pourtant, à la lueur de nos lectures, ça devrait passer, mais ce n’est jamais clair si les « big rig » sont des « big rig » comme notre bus… et avec le poids de notre bus. Je descends. Le soleil est incroyablement intense. Pourtant, le ciel était rempli de nuages, il y a quelques minutes, non? Je vais marcher un peu. Ça descend et ça tourne. La chaleur m’empêche d’avoir l’esprit clair et de prendre une décision éclairée. Je n’ai aucune envie de tomber dans un ravin avec toute ma famille. Je retourne voir Eric.
Habituellement, on observe les lieux ensemble, mais cette fois-ci, il ne peut pas laisser l’autobus, on est trop en pente. Je demande aux 2 personnes en tuktuk s’il est préférable de prendre le chemin qui mène à l’entrée officiel des chutes. Pour se faire, il faut revenir sur nos pas de plus d’une quinzaine de minutes. Leur regard s’éloigne encore une fois. Je m’étonne. Habituellement, les Mexicains nous disent toujours qu’il n’y a pas de problème, même lorsque je trouve que ça n’a vraiment aucun sens avec notre bus… Pourquoi cette fois-ci, la réponse tarde?! Finalement, ils me disent que oui, probablement, ce sera mieux par le chemin officiel. Je dois maintenant faire reculer Eric dans une pente, dans une courbe, sous ce soleil qui me tape fort sur la tête. Et c’est réussi!
On est prêts à repartir en sens inverse!
Si au moins, je pouvais écrire à Marie-Claude et Sébastien, mais ici, il n’y a aucune couverture réseau.
On a vécu avant internet, il n’y a pas de problème! Et l’on revient sur nos pas. 20 minutes plus tard, on tourne sur le chemin qui indique l’entrée des chutes à 20 km.
20 km, mais mon gps m’indique 30 minutes de route, encore… On est tannés et fatigués, mais on est presque arrivés! Une fois dans le village de Jérusalem (ah bon!), Eric me dit :
-Mon téléphone m’indique de tourner à cet endroit, ça n’a aucun sens!
En effet, il s’agit d’une route de terre hyper à pique! Je regarde au loin.
-Mais, non, continue, je vois qu’il y a un autre chemin là-bas.
Eric en a un peu ras le pompon! Alors, je descends et je vais voir un monsieur qui travaille sur son terrain. Je lui demande si l’on peut se rendre aux chutes avec notre autobus…
Encore une fois, son regard dévoile une hésitation, mais il ajoute :
- Si, si, con calma. Des-pa-ci-to
Bon, ça, on est bon là-dedans : con calma!
Alors, on poursuit notre route. Le chemin est très abrupt, mais la route est en béton, donc relativement belle… Après une dizaine de minutes, un chemin en gravel se dresse devant nous. Ah non, la belle route a été de courte durée! Mais, chaque fois qu’il y a une pente à monter ou descendre, la route est à nouveau en béton, par chance. On avance à environ 10km à l’heure. On n’arrivera jamais. Je me rappelle notre ascension vers Semuc Champey au Guatemala. Cette fois-là, on était dans un collectivo, on ne conduisait pas et on n’avait pas de décision à prendre… mais j’avais eu ce même sentiment de ne pas être au bon endroit….
Alors que la fatigue est à son summum, un pont apparait devant nous. Oh… moi, je ne traverse pas sur ce pont. Il n’y a pas d’affiche qui indique un maximum de poids, comme on voit souvent aux États-Unis ou au Québec pour certaines routes, mais de toute évidence, ce pont n’a pas été construit pour supporter le poids d’un gros bus…
On analyse les différents points sur ioverlander. Les options sont quasi nulles… mais on pourrait aller dormir dans le village tout en bas?
-Va falloir que tu m’aides à me retourner.
Je voudrais juste dire : « J’suis pu capable », mais je prends une respiration et je sors dehors. Un colectivo passe au même moment, et ralentit à nos côtés. Je questionne le chauffeur. Est-ce qu’il y a des autobus qui passent ici? Est-ce que le pont est suffisamment solide pour notre véhicule?
Si Si.
Il me dit que le pont est très très solide… Euh, je ne sais pas vraiment sur quoi il se base, mais on décide de lui faire confiance.
Je propose aux filles de descendre et de traverser à pied. Si jamais le pont s’écroule, on ne va pas mourir tous les 6. Eric et Alixia me trouvent ridicules. En même temps, ça serait ridicule de laisser nos filles seules… il faudrait à tout le moins qu’un adulte reste avec elles… Ok, ok. Allez, tout le monde à bord!
On prend notre élan et on traverse!
Fiou, rien ne s’est écroulé » Mais, on n’est pas encore rendus!
À moins d’un km du parc, on atteint un tout petit village. Je dois aider Eric à tourner dans ces petites rues et les habitants de la place nous regardent un peu comme si on était des extra-terrestres. On arrive enfin à un grand terrain vague et je poursuis la route à pied jusqu’à l’accueil des chutes. Les gens se demandent toujours pourquoi je cherche un endroit pour un VR alors que je suis à pied! Finalement, on finit par se comprendre (je crois!) et ils me disent qu’on peut rester sans problème sur le terrain au loin où l’on se trouve.
Nous, on veut juste fermer le moteur!
On est rendus!
Quelle journée, beaucoup trop longue!
La nuit fera du bien et, demain, on ira découvrir ces fameuses chutes!
On se réveille dans le brouillard! |
La végétation sur le sentier du lac Cinco lagunes |
Le bleu de l'eau! |
On aurait pris un peu plus de soleil, pour voir toutes les teintes de bleues... mais comme le dit Charline, la grisaille, ça a son charme! |
Et on repart sur la route! C'est tellement wow, partout! |
Mais, la concentration est de mise pour le chauffeur... parfois, un bout de la route est partie! |
Ça, c'est le fameux pont... il me semble qu'il n'a pas été conçu pour des autobus, lourds comme le nôtre?! On dirait un pont pour piéton?! |
Samedi 25 février : Las Nubes ou l’art de profiter simplement de la vie
Toute la nuit, j’ai tourné d’un côté et de l’autre. C’est qu’il faudra repasser par le même chemin, repasser sur ce pont. Pouvons-nous laisser notre autobus ici pour toujours et repartir à pied? Une chose à la fois!
Dès 8h, on part à la découverte du site de Las Nubes. En premier lieu, on traverse le pont suspendu pour admirer la chute. Et qui se trouve de l’autre côté? Marie-Claude, Sébastien et Rubia! On dirait qu’on les a quittés il y a une éternité. En fait, c’était hier matin! On est pourtant tout énervés de les retrouver! On peut ventiler sur notre route de la veille, en leur disant qu’on aurait pu mourir! Ahha! On exagère un peu… mais c’est tout de même ce qui m’a traversé l’esprit en passant sur ce pont… pont qu’on devra retraverser… En échangeant avec des humains qu’on aime, notre aventure prend une autre perspective… et tout devient moins grave! On part vers le sentier qui mène au mirador. L’eau est d’un tel bleu, la forêt est magique, si belle avec une végétation si dense et variée. Le mirador offre un beau point de vue sur les bassins d’eau tout en bas, mais les nuages qui recouvrent à nouveau le ciel ne permet pas à l’eau de se montrer sous ses meilleures teintes. Ce n’est pas bien grave, c’est tout de même très beau! On poursuit sur le petit sentier, à travers des rochers et des lianes. Une heure plus tard, on est déjà tout en bas. Sébastien et Marie-Claude poursuivent déjà leur route. Eric et moi, on se questionne si l’on devrait repartir tout de suite… Après réflexion, vaut mieux rester ici une autre nuit, pour profiter pleinement du site et pour pouvoir se reposer de la route d’hier.
Même si c’est samedi, il y a très peu de gens sur le site. Quelques familles se baignent en bordure de l’eau, mais ce n’est pas du tout la folie! On va aussi se rafraichir dans cette belle eau, beaucoup moins froide qu’à El Chiflon.
Après diner, Eric et moi partons en quête de tomates et d’oignons! Même si le village est vraiment tout petit, on est confiants… Il y a toujours un mini mercado de caché en quelque part… Les gens nous observent. Nous sommes les seuls touristes étrangers ici! Les enfants sont curieux de voir un chien en laisse. Timides, ils s’approchent de nous et repartent aussitôt. Comme toujours, on se fait demander si notre chien mord. On trouve cette question étrange. Au Québec, on n’approche jamais les chiens avec cette interrogation. Il faut dire qu’ici, les chiens domestiques sont rares… et les gens grandissent peut-être avec cette crainte face à ces chiens errants. Après quelques minutes, près d’une dizaine d’enfants sont autour de Luna. Un après l’autre, ils osent la flatter en riant. Ils sont si beaux, tous ces enfants. L’un d’entre eux a un chandail avec l’image du Roi Lion et la fameuse mention : Hakuna Matata. Mes yeux s’emplissent d’eau. Voilà. Tout simplement. On est ici, hors du monde, et tout est parfait. « Ces mots signifient que tu vivras ta vie sans aucun souci… Hakuna matata! »
On revient vers l’autobus, en ayant effectivement trouvé des tomates et des oignons!
Je repars seule, puisque personne n’en a envie, à travers le sentier qui mène au mirador. Je marche à mon rythme, en silence, avec uniquement le bruit des oiseaux et des insectes. Ça fait tellement du bien d’être seule. J’atteins le mirador. Une famille s’y trouve déjà. Je leur propose de tous les prendre en photo. Ils sont beaux! Je suis triste de constater que leur appareil photo est de si piètre qualité. Je crois que l’appareil photo Vtech de mes filles à 3-4 ans faisaient de plus belles photos… On oublie un peu trop souvent tout le « luxe » qui nous entoure et dans lequel on vit. Il faut s’en rappeler à chaque moment! Et même si j’attache une importance particulière à mes photos, c’est surtout le moment qui importe et le souvenir qu’on en garde… Ça aussi, il faut s’en rappeler dans notre monde instagrammable qui démontre des moments magiques, mais aussi des moments vides! Oui, les belles photos, c’est super; mais les beaux moments, c’est encore mieux!
Je redescends vers la chute, où l’on peut s’assoir vraiment très près du flot de l’eau. Je peux alors absorber toute la puissance de celle-ci… C’est vraiment un endroit spécial… unique, difficile à décrire.
En fin de journée, une gentille dame vient discuter avec nous, notre autobus a piqué sa curiosité. Elle entre pour visiter. J’évite de dire les mots que j’utilise habituellement, comme quoi, tout est si petit… Notre maison sur roue prend une autre dimension ici. Le simple fait d’avoir une douche et une toilette reliée à un réservoir est un luxe; tout comme une cuisine complète, avec un four et un frigo.
Elle nous amène ensuite sur son terrain : son luxe à elle. Elle y trouve tout ce dont elle a besoin, entre autres, du maïs, des citrons, des bananes… À son retour, on lui offre du sirop d’érable. On aurait aimé préparer des crêpes avec elle le lendemain, mais on repart déjà, car on souhaite rejoindre Marie-Claude et Sébastien… Si ce n’avait été du fait d’avoir des amis devant nous sur la route, on serait restés plus longtemps ici.
En soirée, Eric et moi on s’étend sur la terrasse. La chaleur demeure même en soirée, c’est si fantastique! En fait, de mon point de vue! Les lucioles sont partout, des milliers entourent notre Bleu Nomade. S’ajoute au décor, la mélodie des criquets. On est vraiment seuls au monde et, étrangement, même si on semble être à l’autre bout du monde, j’ai l’impression d’être à Sherrington… Je bascule vers le passé. J’ai 8 ans, ce qui signifie que mon père en a 36… mes parents préparent peut-être une épluchette de blé d’inde? Je ne sais pas?! Où peut-être sont-ils en train de faire des cafés espagnol?! (D’ailleurs, il faudrait que je demande à mon père de m’enseigner comment faire!) Mais, surtout, il y a ces lucioles qui scintillent dans la forêt et un peu partout sur notre gazon… Ces soirées d’été sur le terrain de mon enfance étaient si magiques… Les larmes me coulent sur les joues. C’était hier, on dirait. Mes parents avaient toute la vie devant eux. Je voudrais être encore là, à ce moment, avec eux. En même temps, non, pas tout à fait… Ce n’est pas si évident de traverser l’adolescence. J’aime mieux être ici, avec mon amoureux, et mes 4 filles, mais je voudrais que le temps se soit figé pour mes parents. Je voudrais que mon père ait 36 ans… et qu’il soit avec nous, ici. Je sais qu’il aurait traversé ce pont sans problème. Que ma mère aurait été stressée. Peut-être même qu’elle aurait dit : plus jamais. Peut-être même qu’il aurait discuté fort… Mais, ils seraient ici, et heureux de l’être. Le temps s’écoule rapidement, tout comme les larmes qui roulent sur mes joues. La vie passe. On n’a aucun contrôle sur ça. Cependant, on a le contrôle sur la façon qu’on utilise ce précieux temps.
Alors… ça n’avait aucun sens de faire cette route, de traverser ce pont… En fait, ça n’avait aucun sens de modifier un autobus en famille, près de deux ans de travail, pour partir un an, avec nos 4 filles, adolescentes, en plus… mais c’est toute de même fantastique. Fantastique, d’être ici. Loin de tout… entourés de ces lucioles qui nous rappellent que la vie est courte, aussi bien en profiter… et de scintiller, même dans la noirceur… en fait, peut-être surtout dans la noirceur.
Las Nubes, à 8h du matin! |
Une belle petite randonnée mène au mirador |
Les arbres sont tous impressionnants! |
Avec le temps gris, les bassins d'eau n'apparaissent pas avec leurs plus belles teintes, mais l'eau est très claire et la baignade fait le plus grand bien! |
Un autre petit tour au mirador, en après-midi |
Un autre angle pour apprécié les chutes Las Nubes |
Ou de ce côté-ci?! |
La puissance de l'eau... et pouvoir s'assoir si près des chutes! |
C'est juste si beau, partout! |
Notre terrain privé! |
Dimanche, 26 février : Et nous voici à Las Guacamayas!
Une longue journée nous attend. On essaie d’être zen… même si on réveille les filles très tôt. C’est presqu’un record! À 7h45, on quitte notre spot privé de camping! On traverse le minuscule village par son centre et on se fait intercepter par la sécurité locale… Ici, il n’y a pas de policiers, c’est souvent le cas dans les villages autochtones. Ils ont leurs propres règles. D’ailleurs, ici, il est interdit de circuler après 22h. On a vu d’autres villages, où l’interdiction était à partir de 21h… Et dire que nous, on a capoté avec notre couvre-feu durant la pandémie! Pour les peuples ici, ce sont leur normalité.
Alors, on se fait intercepter en nous disant que les véhicules lourds doivent contourner le village… (on le savait, c’est cette route qu’on a pris à notre arrivée, mais elle était compliquée avec des virages à 90 degrés, étant donné notre longueur) Et puis, ils regardent l’autobus, regardent Eric, regardent l’autobus et nous disent enfin qu’on peut rester sur la voie centrale, en autant qu’on roule lentement. Merci! Les gens que l’on croise sont toujours si gentils. Il y a les règles et il y a aussi la logique… et cette grande gentillesse.
On avance lentement, c’est bien certain, et on quitte ce tout petit village. Et c’est parti sur la route cahoteuse, avec ces montées et ces descentes… on roule à environ10-20km, et on atteint à nouveau le fameux pont. Je traverse à pied, car je dois surveiller la circulation. Il n’y a qu’une voie et Eric ne pourra pas ralentir après le pont puisqu’il y a une côte à monter. La voie est libre! Go. Je retiens ma respiration. Enfin, notre autobus à nouveau du « bon » côté. En tout, la route nous prendra 1h, jusqu’à Jerusalem. La ville tout en bas de Las Nubes. À partir d’ici, on retrouve une vraie route. Et on poursuit sur la 307 avec des paysages splendides. La végétation est tellement dense que par moment, la route semble vouloir disparaitre. Par chance qu’on est presque seuls sur cette route étroite.
À 10h15, l’intersection pour Las Guacamayas est devant nous! D’ici, 30km nous sépare de notre prochain arrêt, mais on sait que la route sera encore une fois un peu difficile. Les trous sont nombreux, et parfois, la moitié de la route s’est effondrée, mais au moins il n’y a pas de montées et de descentes; et la route n’est pas trop sinueuse. Par moment, on se demande si ce qu’il reste de route est assez large pour notre bus, mais oui, ça passe toujours. Fiou! Bien sûr, ça nous traverse aussi l’esprit que si la moitié de la route s’est effondrée, qu’est-ce qui nous garantit que le reste va tenir bon?! Confiance, confiance! On aperçoit sur la route un singe mort… il semble avoir tombé de l’arbre, car il git par terre avec une grosse branche… C’est si triste… et il ressemble tellement à un humain…
À 11h20, Bleu Nomade fait son entrée dans ce charmant village! On se rend à El Retono, où l’on retrouve Marie-Claude et Sébastien. On est accueilli par toute la famille, propriétaire des lieux… À première vue, on ne voit pas vraiment d’endroit où l’on pourrait stationner notre autobus, mais ils nous confirment que oui, on peut reculer ici, sans problème, juste à côté de leur restaurant. Ok! Ça serait parfait, en autant qu’on puisse souffler un peu!
Pas très loin, se trouve une rivière et ils nous disent qu’on peut s’y baigner sans problème… Oui, oui, il y a quelques crocodiles, mais le dimanche, ils ne mangent pas les touristes. Bon, on rigole de leurs répliques, mais, on se demande bien comment ils font pour être certains que les crocos ne prendront pas une bouchée de l’un de nos membres….
Et combien ça coute pour rester dans ce petit paradis, entourés d’une faune et d’une flore extraordinaire?! 150 pesos… Alors, je me prépare à négocier, 150 pesos par personne ça revient cher à 6… mais on est rendus, donc on va payer ce qu’il faut payer… Et ils me répondent, 150 pesos pour le véhicule… Et si on veut accéder aux toilettes et douches, il faudrait payer 50 pesos de plus. Vraiment?! Incroyable de se retrouver dans un tel endroit… et que ce soit la première fois qu’on paie si peu cher!
Après diner, on part en exploration! Les fleurs sont partout et on aperçoit quelques singes hurleurs qui se reposent paisiblement sur leur branche. On a hâte qu’ils se mettent à crier! On avait tellement adoré être entourés de ces cris lors de notre séjour au Costa Rica, particulièrement à Cabuya sur la péninsule de Nicoya. Mais, pour l’instant, ceux-ci n’ont pas envie de nous faire l’honneur de quelques cris. On revient vers l’autobus, la chaleur est intense, mais à l’ombre ça se gère plutôt bien! Je vais tout de même me rafraichir dans la rivière. L’eau est totalement opaque. S’il y a un crocodile, je ne pourrais pas du tout l’apercevoir. Je me couche donc simplement dans quelques centimètres d’eau pour m’immerger complètement, mais ma saucette se résume qu’à cela! Ça rafraichit, malgré tout!
En fin de journée, la gentille propriétaire nous fait découvrir tous les arbres fruitiers sur son terrain et nous présente même à son petit veau. Sa maman n’a pas voulu le nourrir, c’est donc elle qui lui donne le biberon tous les jours… Il est maintenant près de 17h et Beto, nous attend déjà. On revient donc vers le camping… Beto, c’est un singe araignée qu’elle a recueilli alors que sa maman l’avait abandonné. Il a grandi et vit maintenant en liberté, mais chaque soir, il vient chercher sa collation! Tour à tour, on lui donne un morceau de banane. Il est si adorable! Après une trentaine de minutes, son estomac est plein et il repart… Wow! Comme on est chanceux d’être ici… et de pouvoir observer un singe de si près, sans qu’il soit dans une cage!
La soirée se termine en soupant avec Marie-Claude et Sébastien… Moment parfait, dans un endroit parfait!
Et l'on repart du tout petit village près de Las Nubes! Ils nous ont laissé circuler sur la voie centrale! |
Ah! Et on doit repasser sur son pont! |
Qui a dit qu'il n'y avait pas de station d'essence dans le Chiapas?! Oui, oui, c'est une station d'essence! |
La route... plutôt étroite, avec une végétation dense! |
L'heure de la collation de Beto! |
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