Comment on se sent à un mois du départ pour un voyage d’un an?
Dans un mois, on part pour un voyage d’un an en famille, accompagné de notre adorable chienne. C’est le moment où les gens qui savent que l’on planifie ce voyage nous disent : « c’est bientôt votre départ, vous devez avoir tellement hâte! Ou bien, “vos filles doivent être tellement excitées.” Eh bien, dans les deux cas, la réponse est non... On n'a pas hâte et on n'est pas non plus excités... On dirait qu'à ce stade-ci, on n'a pas vraiment le temps pour ces sensations! Voici, en fait, comment on se sent à l’approche du départ!
Je n’ai jamais fait de marathon, mais j’ai l’impression que
planifier un voyage au long cours, ça doit ressembler à une telle course. Il arrive
un moment où l’on se demande si on va vraiment arriver au fil d’arrivée.
L’énergie baisse, la fatigue augmente. L’objectif demeure en tête, mais,
tranquillement, les incertitudes nous atteignent. Ça serait tellement facile de
sortir de la course et de s’arrêter, tout simplement. Je serais curieuse
d’interroger ceux qui font des marathons lorsqu’il se trouve à 5 km du
fil d’arrivée. Avez-vous hâte d’arriver, êtes-vous excités?! Probablement
qu’ils ne répondraient pas, focalisant simplement sur la distance qu’il reste à
parcourir.
Bref, je me sens un peu comme ça. Je focalise simplement sur
tout ce qu’il reste à faire d’ici le jour du départ. Je fais des listes et
lorsque je peux barrer une tâche, j’en ajoute 4 autres. La liste s’allonge à
l’infini, et parallèlement, l’air semble diminuer dans mes poumons. On sait,
car on l’a vécu en 2016, qu’on va y arriver : arriver au départ et non pas
à cocher tout ce qu’il y a sur la liste. Et accepter que tout ne soit pas
parfait.
Comme si c’était la fin
Facebook Viridi Café |
C’est aussi, les spectacles de fin d’année pour mes filles,
et en les regardant, je ne peux m’empêcher de me demander si je fais bien de
les déraciner le temps d’une année. Mon ainée qui ne fera pas son entrée au
cégep comme ses ami.e.s et qui doit démissionner également de son emploi
d’étudiante, ma 2e qui laisse ses précieuses amies derrière elle et
qui fera son 4e secondaire à distance, avec toute la charge de
travail que cette année importante implique, ma 3e qui quittera pour
une année son groupe d’Arts-Études, une si belle gang, avec des profs géniaux qui les font évoluer d’une si belle manière; et la cadette qui ne
terminera pas son primaire avec ses ami.e.s... En plus, c’est aussi, la fin de
toutes ces années où j’ai été impliquée à cette école primaire, que mes filles
ont fréquentée, à tour de rôle, depuis 11 ans maintenant!
C’est aussi les dernières rencontres familiales, entre ami.e.s...
Rencontres qu’on apprécie, mais pour
lesquelles, on manque de temps.
Alors, plusieurs fins... Mais, puisque c’est la seconde fois que l’on part pour un voyage au long cours, on sait que pour nos familles et ami.e.s, une année, ça passe en un clignement des yeux. Pour nos enfants, cependant, c’est différent. Une année a un impact bien plus grand dans leur existence. C’est peut-être aussi pour cette raison qu’elles ne sont pas « excitées » à l’idée de partir. Elles sont heureuses d’entreprendre un tel périple, mais elles ne sont pas dans l’attente. Elles profitent de leur vie au jour le jour. Et c’est probablement mieux ainsi. Je crois qu’elles savent, consciemment ou pas, qu’elles s’apprêtent à laisser beaucoup derrière elles.
Comme si l’on allait vider notre compte de banque
À travers toute l’organisation et la charge de travail qu’un
tel voyage implique, il y a aussi la planification budgétaire. Car, on n’a
jamais voulu s’endetter en voyageant. On économise et on part par la suite.
Donc, ça serait mentir de dire que le côté financier ne nous inquiète pas, étant donné la conjoncture actuelle.
Lorsqu’on a commencé la planification de notre année en
voyage en 2017, on hésitait entre repartir en voilier ou modifier un autobus.
Je dis « on » puisqu’on est une famille et que les décisions se
prennent à 6, surtout, étant donné l’âge de nos enfants. Pour ma part, je
serais repartie en voilier, parce que l’appel de l’océan est grand et difficile
à expliquer avec des mots. De plus, on sait à quel point vivre sur l’eau coute
peu (selon, bien sûr, le type de navigateur que l’on est) : dormir à
l’ancre tous les soirs, pêcher, se déplacer avec l’énergie du vent, découvrir
de nouveaux endroits par voie d’eau avec si peu de dépenses qui y sont liées...
On a souvent dit que durant notre année en voilier, on a économisé, car la vie
sur l’eau coute tellement moins cher que la vie chez nous!
Navigation aux Bahamas |
Soirée à l'ancre au lac Champlain |
Voyager sur la terre implique bien plus de dépenses. Mais
pour le bonheur de nos filles (certaines de nos filles), et pour découvrir une
autre facette du monde, on acceptait sans problème de troquer les voiles pour
un moteur diesel! On allait faire notre budget en conséquence. C’était avant la
pandémie, la guerre en Ukraine, la bourse qui dégringole, l’inflation et le
prix du diesel qui grimpe en flèche.
On s’adapte, on s’ajuste, mais malgré tout, ça demeure dans
notre esprit. L’objectif n’est jamais de s’endetter et l’on souhaite se laisser
toutes les libertés du monde lors du retour qui peut s’avérer difficile.
Mais, je me sens privilégiée
Malgré tout, on est conscient qu’on a les plus grandes
richesses : la santé et le temps. Et qu’en plus, nos 4 filles acceptent,
avec bonheur, de nous suivre dans nos aventures. Alors, on respire, on refait
le budget... et on accepte qu’on ne sera jamais comme nos « voisins »,
au sens large du terme. (Comprendre ici : avoir la grande maison décorée
au goût du jour, la piscine creusée, les vêtements à la mode, la voiture de
l’année, etc.).
Mais, au fond, je me sens privilégiée d’avoir organisé ma
vie pour avoir la latitude de partir... quelle liberté précieuse!
Et surtout, je me sens privilégiée d’avoir un amoureux qui
regarde dans la même direction que moi... Ça, ça vaut tout l’or du monde! Ce
qui ne veut pas dire qu’on pense toujours s’y rendre de la même façon, loin de
là. Ça ne veut pas dire que tout est facile, aucunement! Mais, on a envie tous
les deux de vivre différemment, tout en découvrant notre si magnifique planète.
C’est la prémisse de base. Ensuite, ça se concrétise de toutes sortes de
façons.
Alors, à un mois du départ, non, je n’ai pas hâte à ce
fameux jour. Car, chaque journée est extrêmenent précieuse... J’ai une tonne de choses à faire d’ici là, à insérer dans l'horaire avec le travail et toutes les obligations quotidiennes. Je dois aussi profiter
à fond de tout ce que j’ai ici, mes ami.e.s, ma famille, mes cours de yoga et
de karaté (et les gangs qui y sont associées), ma vie de quartier, les arbres
fleuris : tout ce qui rend mon quotidien extraordinaire, quoi! Et ensuite,
je profiterai tout autant de chaque journée différente sur la route, du temps
que j’ai avec mon chum et avec mes filles. (et ce, même si le prix du diesel
est à 2,59 $!)
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