Que ferais-tu s’il te restait 12 mois à vivre?


 

Texte écrit alors que nous étions à la Playa Saladita...

Cette question me tourne dans la tête, alors que je marche vers l’océan avec ma planche de surf sur la tête. Mon cœur se serre. Je viens de parler avec ma petite sœur qui a accompagné mes parents à l’hôpital. Les médecins ont dit à mon père que les gens atteints de ce cancer vivent en moyenne 12 mois. 12 mois... C’est un clignement de yeux... Et pourtant, dans une autre perspective, à d’autres moments de la vie, 12 mois, c’est une éternité. Un voyage d’un an, c’est long... avant de partir; mais, on le sait, c’est si vite passé!

12 mois. Qu’est-ce que je ferais s’il me restait 12 mois à vivre? Plus jeune, j’avais des lieux précis que je souhaitais voir, des choses à réaliser... Après notre année en voilier, il y a 6 ans, j’avais eu la réflexion que j’étaispeut-être rendue à la fin de ma vie, tellement j’avais l’impression d’avoir vécu tout ce que je devais vivre dans cette existence; pour avoir eu le bonheur de vivre de tels moments, des instants d’une rare intensité... En fait, je m’étais dit que je pouvais mourir en paix après avoir réalisé ce grand rêve. Ce que je vis depuis ce retour est en fait du bonus! Il n’y a plus rien que je désire voir ou vivre absolument. Ça peut sembler bizarre, peut-être... Bien sûr, j’espère voyager encore et encore, pour découvrir d’autres endroits magnifiques sur la terre, mais je souhaite simplement me laisser porter, sans devoir voir un endroit précis...

Je ressasse ça dans ma tête. S’il me restait plus qu’une année à vivre, qu’est-ce que je ferais? La question tourne en boucle dans ma tête et la seule chose qui me vient à l’esprit : passer du temps avec les gens que j’aime, qui sont précieux pour moi. Je m’élance dans l’eau, couchée sur ma planche, les larmes me coulent sur les joues, larmes qui se mélangent à l’eau salée qui me revole en pleine figure. Alors, pourquoi suis-je ici, loin de ma famille et de mes amis?  Je m’assois sur ma planche, en observant les vagues au loin. Pourquoi suis-je ici? 

Peut-être suis-je ici, car je suis, avec mon amoureux et mes 4 filles... qui font indéniablement partie des gens importants de mon existence. Ce que je vis avec Eric est si précieux... Ce que l’on vit avec nos filles également. C’est incroyable qu’on puisse partager ce quotidien, même si nos filles sont maintenant des adolescentes qui s’approchent tranquillement de l’âge adulte... Et ce, malgré que la vie ne soit pas rose tous les jours...

Et mes pensées repartent en direction de mon papa; en fait, de mes parents, car ils sont indissociables. Je ne sais pas ce qui tourne en boucle dans leur tête...  Probablement que l’un et l’autre pensent à des choses différentes... Je crois que mon père est en paix. Il a créé sa vie afin d’en profiter à chaque moment et il a toujours fait ce dont il a envie, avec l’amour de sa vie. Son travail, quoiqu’exigeant, était sa passion, il a pu créer des choses extraordinaires de ses mains. Il n’a jamais remis à plus tard ce qu’il avait envie de vivre à cet instant. Bon, tout n’a pas toujours été un long fleuve tranquille... Il travaillait fort et planifiait avec ma mère leur moment d’escapade; mais je ne les ai jamais entendu dire : « on fera ça à notre retraite! »  Lorsqu’on est partis en voilier, mes parents ont saisi chaque occasion pour venir nous rejoindre : les éclusesNew York, les Bahamas... où on a pu célébrer les 65 ans de mon père. Bref, mon père, je l’ai toujours vu vivre comme si c’était la dernière journée de sa vie... entre autres, lorsqu’il danse avec ma mère, toujours aussi passionné, même après plus de 45 ans de mariage, avec la main de ma mère sur son cœur...  Alors, peu importe les surprises que la vie nous réserve... On peut tous mourir demain... et on peut tous être plus ou moins loin du jour de notre mort, c’est juste qu’aucun médecin ne nous l’a dit... et ceux-ci n’ont pas la vérité absolue non plus, puisque chaque humain est différent, unique. Mais, dans tous les cas, on devrait tous se poser la question : qu’est-ce que je ferais s’il me restait seulement un an à vivre, afin de mettre notre énergie au bon endroit et de faire ce dont on a vraiment envie.

Pour ma part, pour l’instant, je vais mettre mon énergie à surfer sur la prochaine vague et je vais profiter pleinement de la fin de ma journée avec mon amoureux et mes 4 filles... car on ne sait pas ce que demain nous réserve.

Commentaires

  1. Même en se posant la question, la vie est que tant que nous ne faisons pas face à la cette réalité, nous ne savons pas comment nous allons réagir. De là nos questionnements mais tes réactions seraient fort probablement très différentes de toutes les réactions que tu peux t'imaginer maintenant. Quand tu ne peux ajouter des jours à ta vie, ajoute de la vie à tes jours :) Une phrase que le papa de ma plus vieille fille appliquait à merveille. Belle réflexion.

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