22 octobre au 4 novembre : Errer dans la région de Phoénix, dormir dans un hôtel douteux... et des travaux toujours pas terminés sur Bleu Nomade!

22 octobre : Une journée à Cordes Lake... ou se faire réveiller par une souris

5h30. J’ouvre un œil. Alixia se trouve à côté de mon lit. « J’entends quelque chose grignoter dans l’armoire au-dessus du frigo. » Même si c’est moi la lève-tôt, c’est un dossier pour Eric!

Effectivement, un petit rongeur se trouve indéniablement derrière la porte, mais dès qu’on l’ouvre, il disparait! Alixia, en se levant aussi tôt pour faire un gâteau aux carottes, a brusqué son petit déjeuner de chips, noix de coco et grains de maïs. Il y a des trous partout!

Nous qui espérions que la petite souris soit entrée et ressortie aussi vite de notre autobus. Il n’y a plus de doute qu’elle vit avec nous, maintenant!  Heureusement, Eric a acheté des trappes à souris la veille. Bonne nouvelle! Cependant, il a opté pour le modèle qui les garde en vie. La souris entre et la porte derrière elle se referme, la laissant prisonnière jusqu’au moment où on la relâche dans la nature. Les filles sont emballées, car elles défendent mordicus les droits des petits rongeurs... Il faut dire qu’on a déjà eu 2 rats domestiques, Flocon et Mika, qu’on a tellement adorés... Peut-être que ça contribue à accentuer leur défense auprès des rongeurs.

Toutefois, pour ma part, en tant que fille de la campagne, j’ai de gros gros doutes par rapport à ces trappes inoffensives. En tout cas, pour le moment, c’est tout ce que l’on a!

On fait un gros branle-bas pour vérifier notre nourriture et, comme on le craignait, elle a aussi repassé sous notre banquette et refait des trous un peu partout... On vide tout, on nettoie, on transvide plein de choses dans des pots Mason. Elle ne pourra pas venir à bout des pots en verre. Mais, je n’ai pas plus envie qu’elle jette son dévolu sur nos fils.

Un long sanglot se fait entendre. Florane en cherchant des élastiques dans un tiroir a plutôt trouvé du poil... En regardant plus attentivement, ce sont ses draps préférés qui ont servi à préparer un nid. Après le vomi de Luna au début du voyage, maintenant, se sont les souris qui y ont fait des trous.  Je console Florane du mieux que je peux et j’espère surtout qu’il n’y a pas des bébés souris à bord de notre autobus.

Alors qu’on pensait quitter rapidement cet endroit de boondocking, on passe plutôt la journée à faire du ménage. Le vent se lève et vers le milieu de l’après-midi, on est tous trop fatigués pour partir à la recherche  d'un autre endroit pour la nuit.  Le vent est toutefois presque inquiétant. Contrairement à notre vie en bateau, sur la terre, on ne regarde jamais la météo. Mais là, j’y jette un œil. Des vents de 30 miles sont annoncés. Et nous, au sommet de notre colline, ça doit être encore davantage. Mais, bon, il n’y a pas d’alerte de tornade, donc ça devrait aller!

 

Lever du soleil à Cordes Lake



Fin de journée à Cordes Lake


Dimanche, 23 octobre : Un autre endroit de boondocking, Agua fria national monument
La nuit est intense. L’autobus se dandine tellement les rafales sont fortes. On est aussi aux aguets en surveillant le moindre craquement que pourrait faire Mme la souris. Aux petites heures du matin, on entend la trappe... Eric sort du lit. La souris s’est déjà déprise. Zut!  Elle refera le même manège dans une autre trappe. Ce n’est assurément pas ce modèle qui va nous aider à nous débarrasser des rongeurs!
On quitte tôt cet endroit, après avoir descendu la grosse pente. Ouf! On trouve un Dollar General, pas de trappe; un Dollar Tree, eh oui, on a des trappes meurtrières, comme les appellent les filles. On a de grosses discussions. Personne ne souhaite tuer des souris, mais Eric et moi, on s’entend pour dire qu’on ne peut malheureusement pas cohabiter dans l’autobus. Même Alixia, qui n’est pas celle qui affectionne le plus les animaux, argumente lorsque je leur dis qu’elles font des trous partout et que je n’ai pas envie qu’elles détruisent autre chose dans notre autobus. « C'est nous qui sommes sur leur territoire » «  Nous, on fait des trous dans la couche d’ozone et il n’y a personne qui installe des pièges pour nous tuer. »
Bon, elle n’a pas tort. L’humain fait assurément bien plus de dommage qu’une souris... mais là... Je suis à court d’arguments. Eric conclut la discussion en disant qu’on a 2 sortes de trappes, c’est elle qui doit prendre la bonne décision.
Nos filles nous font toutefois vraiment rire. Alors, que plusieurs seraient traumatisées d’avoir des souris qui circulent près d’elles durant la nuit, elles, elles se portent à leur défense.
On installe tout de même les fameuses trappes meurtrières sans trop insister sur la chose.
En faisant le plein pour l’eau, on discute avec un sympathique monsieur. En lui disant qu’on s’en va à Phoénix pour effectuer des travaux sur notre autobus, il nous mentionne qu’il a un très bon ami qui travaille sur de gros camions. Il pourrait sûrement nous faire un bon prix! Ah, ça, on aime ça! Il l’appelle et nous donne ses coordonnées. On lui écrit et il nous mentionne qu’il nous fera une place quand on aura nos pièces, on n’a qu’à le recontacter. Super! Il y a de l'espoir!
On s’arrête pour la nuit dans un autre BLM pas très loin, dans Agua Fria Monument National. On est presque seul au monde! En marchant, on aperçoit même un Saguaro. Je ne pensais pas en voir déjà, sur ces terrains!  Ces cactus peuvent atteindre jusqu’à 60 mètres et peuvent vivre jusqu’à 200 ans. Il commence à avoir des « bras » vers 70 ans. C’est impressionnant!
On est en attente, on voudrait avancer davantage, mais on est tout de même heureux d’être dans ce décor. On a confiance que les pièces pour notre Blue Bird arriveront en début de semaine... Assurément, mercredi, jeudi, les travaux seront faits et on reprendra la route vers la fin de la semaine!



Et on repart...


On a trouvé un saguaro!

Une autre journée qui se termine sur la terre

Lundi, 24 octobre : Un autre boondocking... Black Canyon - RIP Mme la souris

En me levant, je remarque un message de l’école secondaire où Florane a fait sa demande d’admission. Elle devait envoyer une vidéo pour son audition, mais le lien expirait dimanche soir... Et, même si la limite pour envoyer les vidéos était quelques jours plus tôt, ils n’avaient pas eu le temps de les télécharger. Le message me demande donc simplement de retourner la vidéo... Mais ce qui peut être si simple peut être si complexe quand tu as très peu de couverture internet.  On retourne le tout via Itransfer, on installe l’ordi sur le toit, mais le téléchargement devrait prendre... 4 heures! J’écris à l’école pour savoir s’ils peuvent attendre tout ce temps. Par chance, la réponse est positive.

Tout le matin, on surveille l’ordi et ça tourne dans le vide!  Ah!!  Il faut se déplacer pour avoir un meilleur réseau. Ça semble futile tout ça, mais c’est important pour Florane, donc c’est important pour nous! C'est tout de même ce qui déterminera son parcours pour les 5 prochaines années... On quitte notre endroit tranquille de boondocking, en laissant une petite souris morte derrière nous, (les trappes meurtrières ont fait leur travail... désolée!) et heureusement, un peu plus loin, la connexion est meilleure. Vers 13h, on réussit à envoyer la fameuse vidéo. Au moins, on a fait tout ce que l’on pouvait faire! Pendant qu’on a du réseau, j’en profite pour travailler un peu et les filles font de l’école.  Eric appelle au garage, et malheureusement nos pièces ne sont pas encore arrivées. Il faut encore patienter avant de prendre un rendez-vous.

En fin d’après-midi, c’est le moment de trouver un autre endroit pour dormir! 15 minutes plus tard, on arrête à Black Canyon. Ici, il y a des cactus partout! C’est magnifique! Il y a aussi des trous de balle dans toutes les pancartes, mais ça, c’est un détail!  Depuis qu’on est en Arizona, on entend souvent tirer, dans nos coins perdus de boondocking. Ce n’est pas trop rassurant, mais en même temps, pas si inquiétant. Ici, c’est normal et permis de tirer lorsqu’il y a des terrains vacants. Je me dis qu’on ne nous tirerait tout de même pas dessus... Même si j’ai lu des histoires que des VR avaient reçu quelques balles...

Au moins, pour le moment, on n’entend pas tirer. Et il ne semble pas y avoir personne d’autre ici. Une petite promenade nous permet d’admirer les nombreux saguaros alors que le soleil se couche tranquillement. 


On les trouve si beau, ces cactus!







Mardi, 25 octobre :

Avant de nous déplacer, on fait une autre promenade pour admirer le décor qui nous entoure. Les 4 filles partent de leur côté et Eric et moi de l’autre. De toute façon, c’est beau partout! On est dans un drôle d’état d’esprit. C’est difficile de profiter totalement de ce qui nous entoure alors qu’on a ces soucis mécaniques derrière la tête. On dirait qu’on avance à tâtons sans trop savoir où l’on va... Ça ira, ça ira!

On se déplace vers un autre BLM, tout près de Phoénix. On sera presque rendus lorsqu’on aura le go pour les pièces. La petite vie tranquille se poursuit, avec un magnifique coucher du soleil. Les filles nous font remarquer à quel point on est dans le décor exact des plaques d’immatriculation de l’Arizona!


Ce n'est jamais trop trop rassurant de voir les pancartes criblés de balles...

On n'est pas mal loin de la cohue des parcs nationaux!






Faire à souper ici, avec la surveillance de Luna!



Mercredi 26 octobre :

Eric rappelle au garage, les pièces sont arrivées. Yé!!  Il se fait transférer du côté du service pour prendre un rendez-vous; ils vont nous rappeler dans quelques minutes. On a enfin un retour d’appel :en fait, il n’y a que le mastercylindre d’arrivé, ah zut! Et... finalement, ils ne vont pas pouvoir travailler sur notre autobus, car il s’agit d’une conversion et qu’ils ne touchent pas à ça. Euh, quoi?! On leur a posé la question il y a plus d’un mois, quand on était à San Francisco. On s’est dirigé vers Phoénix, car ils nous avaient confirmé qu’ils pouvaient sans problème travailler sur notre autobus...  Eric argumente en anglais... Mais, il semble ne pas y avoir d’issues positives. De toute façon, nos pièces ne sont pas toutes arrivées, il faut donc attendre. Elles seront là seulement lundi prochain. Je manque d’air. Je me rappelle qu'on a un autre contact pour installer les pièces. J’envoie  un message à l’ami du monsieur que l’on a croisé dimanche. Aucune réponse.

J’écris à l’une des personnes rencontrées près de Bryce qui vit dans son skoolie. Il nous répond rapidement. Il va appeler son contact à Phoénix. Il y a toujours des solutions! On va trouver une solution, c’est certain. On essaie d’être positifs, mais notre esprit déraille par moment.

Eric entreprend de réparer notre réservoir de diesel qui semble avoir une légère fuite lorsqu’on le remplit complètement. Il a fait de nombreuses démarches pour en trouver un usagé ou le faire réparer. Mais ça n’aboutit à rien... donc, au grand problème, les grands moyens. Il avait déjà acheté tout le nécessaire, alors il consacre tout son après-midi à effectuer la réparation. Un autre après-midi passé sous l’autobus...

Heureusement, la journée se termine encore avec un coucher de soleil incroyable... On n’est pas à plaindre, on le sait. On est ici par choix. On est en santé et on n’est pas en danger... Mais, on a tellement hâte que le vent tourne en notre faveur.




Jeudi, 27 octobre : Une journée à Phoénix... vidange et visite des centres commerciaux!

Allez, aujourd’hui, on doit bouger! On va vidanger et on se remplit d’eau. On va aussi chercher les cahiers d’école d’Alixia, qui eux sont arrivés avec quelques jours d’avance. (On a fait affaire avec une petite entreprise qui, pour 5$, fournit une adresse postale et conserve ton colis jusqu’à 7 jours après réception)

Par la suite, on fait un acte de foi!  On s’en va magasiner des wetsuits. On va bien finir par pouvoir faire du surf, non!

Nous, on pensait entrer dans un magasin de plein air et trouver tout ce dont on a besoin. Eh non. Il n’y a presque plus de wetsuit en stock, ce n’est plus la saison... Ah bon! On en trouve seulement un pour Ali. 1 sur 6!

On va dans d’autres magasins, rien!

À travers le magasinage, on relance nos contacts possibles pour faire réparer le bus. Pas de réponses...

La fatigue s’accumule et on n’a pas l’énergie de ressortir de Phoénix. La nuit se passera donc dans un stationnement de centre commercial... Ce n’est pas indiqué qu’on n’a pas le droit de rester là pour la nuit, donc on s’accorde le droit. Cependant, ces nuits ne nous permettent jamais de basculer totalement dans un sommeil profond.



Vendredi, 28 octobre : Parce qu'il faut bien faire quelque chose... on va marcher à South Mountain Park and Preserve

Ce matin, on retourne à la recherche de wetsuit : deux autres sont trouvés! Youppi.  Eric en même temps fait d’autres démarches pour trouver un garage qui pourrait travailler sur notre skoolie dans un délai raisonnable. L’un d’entre eux mentionne à Eric qu’il pourrait peut-être trouver du temps la semaine prochaine, mais qu’il faut le rappeler lorsqu’on aura nos pièces... Le vendredi arrive toujours trop vite. On sait que presque tous les garages ferment à midi... Il faudra donc encore patienter jusqu'à lundi.

J’ai dans l’idée qu’une petite randonnée nous fera du bien. Après tout, depuis 1 semaine, on a été très peu acifs J’avais lu que le South Mountain Park and Preserve était un très bel endroit pour marcher et voir des saguaros à Phoénix. On s’y rend donc, en début d’après-midi.

Les filles n’ont pas tellement envie de faire une randonnée, mais elles nous suivent malgré tout... Mais, marcher pour marcher, elles n’apprécient jamais. Et après Zion, Bryce et le Grand Canyon, marcher ici, semble sans but. Je suis même pas mal d’accord avec elles. Qu’est-ce qu’on fait ici sous ce soleil?  Les filles rebroussent chemin rapidement, il n’y a qu’Alixia qui nous suit pour compléter une petite boucle de 2 heures. Ce parc doit être un peu l’équivalent du Mont-Royal à Montréal pour les gens de Phoénix... C’est vraiment génial d’avoir de tel endroit à même la ville, mais nous, tout ce qu’on veut c’est sortir de cette ville... On doit encore patienter et pendant qu’on patiente, pourquoi ne pas aller faire du lavage, on est plus que dûs!  Seules quelques dizaines de minutes de route nous séparent de la buanderie, mais une lumière s’allume dans le tableau de bord. Eric s’arrête immédiatement, fais des recherches, des lectures, pendant que nous, on retient notre souffle... Non, pas pour vrai. On continue de respirer, mais le temps semble s’arrêter. On est tanné.e.s d’être pris dans ce mauvais rêve, avec les mauvaises nouvelles qui s’accumulent. Eric croit que c’est le filtre à diesel qui doit être changé et il ne semble pas y avoir de problème à ce qu’on fasse les 5 minutes restantes. Et c’est reparti.

On termine donc notre vendredi après-midi dans une buanderie, avec une tonne de soucis dans la tête.

On a enfin un retour d’appel de la part de notre connaissance qui a un skoolie. En voyant la posture d'Eric, en parlant au téléphone, je sais que ce n’est pas des bonnes nouvelles.

 Eh non, personne ne peut travailler sur notre autobus parmi ses contacts.

La bonne nouvelle, c’est qu’on a maintenant du linge propre! Et, on s’en va où? Au Walmart, qui est seulement à 5 minutes de là. On n’est pas à plaindre. On ne manque de rien, après tout, on a toute la nourriture nécessaire juste à côté de nous, mais on est loin du voyage de rêve... Tout va finir par se replacer. Les mésaventures font aussi parties de l'aventure!






Samedi 29 octobre : Lorsque le Walmart devient notre chez nous...

Un autre matin d’école et de travail, pendant qu’Eric fait des recherches pour trouver des filtres a diesel. Il en commande sur Amazon qui arriveront dès demain, mais il décide aussi de partir dans un magasin de pièces d'auto pas très loin, pour aller en acheter un autre. L’après-midi est consacré au changement de filtre, ainsi qu’à un jogging jusqu’à un autre magasin pour acheter un outil manquant. Eric est dans l’action... et je sais aussi qu’il est dans sa tête... On fait ce qu’on peut, mais par moment on se questionne à savoir si l'on va se sortir de ce gouffre qui semble sans fond.

On dort, une autre nuit, dans ce Walmart. Demain, est un autre jour.


Juste à côté du Walmart... on rêve d'être dans un tel endroit!



30 octobre : Un autre réveil au Walmart...

6h30 : Alixia me fait remarquer comme le ciel est beau. Effectivement! Des filaments roses s’étendent sur un doux fond de bleu. À travers toutes ces journées plutôt ordinaires, je trouve mes filles extraordinaires. Elles  sont capables de regarder le ciel et les palmiers, plutôt que le béton qui nous entoure!

Eric, à travers ses déplacements de la veille, a remarqué une église tout près. Nos filles sont découragées : ah non, on ne va pas aller à une messe?!

 En voilier, nos navigations nous menaient souvent dans de petits villages et petites villes le dimanche, alors qu'on ne savait même pas quel  jour de la semaine on était. En marchant dans la rue, on se faisait inviter dans diverses célébrations et on y a toujours vécus de beaux moments. Ces moments d’arrêt nous ont toujours fait du bien et relançaient notre semaine sur une bonne note.

Depuis qu’on est partis en autobus, on est plutôt dans des parcs nationaux ou des champs loin de tout. C’est en fait la première fois qu’on se trouve à proximité d’une église un dimanche, alors, on y va. On a de grandes discussions avec nos filles qui ne voient vraiment pas la pertinence d’aller s’assoir sur un banc d’église, surtout avec tous les scandales liés à la religion catholique. Pour ma part, je ne suis pas attachée à une religion précise. Comme je suis née au Québec, j’ai été baptisé à l’Église catholique, mais selon moi toutes les religions se rejoignent. En voyage, c’est souvent ce que l’on observe. Ce sont certains humains qui créent des barrières et mettent les religions dans des cases séparées.  Mes croyances dépassent le nom d’une religion. Je retrouve la même paix dans un lieu de culte que dans un local de yoga. Bref, un moment de paix, on en a tous besoin actuellement. Et, en prime, on a droit à un jeune prêtre qui fait rire l’assemblée, même mes filles. À la sortie, on ne passe pas inaperçus, et il nous offre de bénir notre famille et notre voyage. On accepte volontiers, toutes les ondes positives sont les bienvenues, ainsi que les souhaits de protection.

La journée se poursuit, avec la recherche des 3 wetsuits manquants. Après une autre tournée des centres commerciaux de la ville de Phoénix, c’est mission semi-accomplie... On vivra avec ce que l’on a.

Et on dort où?!  Là, dans ce stationnement de centre commercial où il n’y a pas d’affiche « no overnight ».

En fermant tous les rideaux, mes pensées basculent vers notre autre vie en voilier. Alors qu’on avançait dans la rivière Hudson et l’intracostal, Perlaétait souvent amarrée aux quais municipaux. Les gens étaient curieux, venaient nous voir, s’informaient de notre voyage et, parfois, nous offraient même de la crème glacée! On vit tout l’opposé. On se cache dans notre bus, on n’allume pas de lumières et on tente d’être le plus discret possible pour ne pas attirer les regards. C’est vraiment bizarre ce que l’on vit. On voyage, entre autres, pour les rencontres et là, on se cache. Je mentionne à Eric que pour mon équilibre mental, c’est la dernière fois que l’on dort dans un endroit où ce n’est pas tout à fait permis.

Lever du soleil au Walmart!




Lundi, 31 octobre : Quand l'Halloween ressemble à Noël!

Aujourd’hui, c’est un grand jour, on s’en va chercher nos pièces... et c’est aussi l’Halloween! Florane souhaitait tellement qu’on ait une journée spéciale. Mon cœur de mère souffre de voir mes filles patienter encore et encore... Elles pourraient être à l’école avec leurs amies, s’amuser...

On se rend chez Canyon State Bus. Eh oui, ils ont nos pièces! On dirait que c'est Noël tellement on est heureux! C’est lourd et ça prend de la place, mais bon, en principe, ces pièces ne devraient pas rester trop longtemps dans l'autobus! Après une ultime discussion avec les gens aux services, le patron vient se coucher sous notre bus et nous dit qu’il accepterait de changer nos pièces, si on change nos pneus arrière. Quoi?! Encore quelque chose! Au Québec, on a demandé plus d’un avis sur nos pneus et tout le monde nous a dit qu’il n’y avait aucun problème à ce que l’on fasse le voyage avec ceux-ci... Mais, c’est peut-être correct qu’on les change aussi, avant d’entrer au Mexique. Au point où on en est rendus... Les gens de Canyon State Bus nous référent à un autre garage qui se trouve seulement à 15 minutes de là.

À midi, on est y, ils nous sortent une soumission : 1700$ (ouch!) et à 14h30, on repart. Wow, quel service!

À 15h, on est stationné dans le stationnement d'un église, qui fait partie des Harvest Host. L'endroit est parfait et en plus, il y a un petit parc juste à côté. Eric rappelle Canyon state bus. Initialement, on nous avait dit qu’on pourrait avoir un rendez-vous mercredi, mais finalement, ce sera jeudi. On n’a pas vraiment le choix de patienter. Ils ont besoin de l’autobus pour 2 jours et c’est certain qu’on ne peut pas dormir là-bas. Des gens dormaient par terre à côté du garage de pneus, ça serait peut-être une option?! Alixia pense que je suis sérieuse lorsque je lance ça à la blague... Vraiment, mes filles pensent que je pourrais les laisser dormir dehors?!  Mais, non! On va trouver un endroit où dormir, avec un toit, c’est certain!

On se met à la recherche d’hôtel ou de maison. Avec 4 enfants et un chien, ce n’est vraiment pas évident. Eric me raisonne aussi. On doit prendre 2 nuits : mercredi et jeudi. Sinon, on n’aura nulle part où aller à 6h30 jeudi matin. Il n’a pas tort. Mon cœur s’affole, toutefois, alors que c’est moi qui gère le budget. Ça n’a juste pas de sens, toutes ces dépenses imprévues. D’ailleurs, ça ne vaut même plus la peine que je remplisse mon tableau excel de dépenses... c’est tellement décourageant.

Eric, tout comme moi, on est plus qu’écœurés d’être devant un écran à faire des recherches. On voudrait juste être en voyage avec nos filles. Florane nous reproche beaucoup tout ce temps que l’on passe sur nos téléphones. Elle a tout à fait raison, mais on se doit de trouver des solutions et surtout un endroit pour dormir mercredi soir si on n'a pas notre autobus...

Toutefois, là, c’est l’Halloween et il faut se mettre un peu dans l’ambiance! Après s’être déguisés avec ce que l’on a sous la main, on part en exploration en espérant trouver quelques maisons. On ne se trouve pas dans le quartier le plus actif pour cette fête, mais quelques maisons, ici et là, offrent des bonbons. Tant mieux! Après une courte balade, on revient vers l’autobus avec une petite cueillette de friandises.  La journée ne s’est pas déroulée comme prévu... mais au moins, on a eu une mini Halloween! On poursuivra les festivités ce weekend, car on avait acheté tout le nécessaire pour faire un gâteau et Flo est aussi en attente d’une chasse aux bonbons.

En soupant, les filles se rappellent notre Halloween en voilier,qui s'était échelonnée sur deux journées alors que tout avait été tellement au-delà de nos attentes... Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. 


Un nouveau mastercylindre!

Des pneus et des pneus!

Harvest host, ça fait du bien de dormir ici!

Citrouille, et diablesse... et de 2 vedettes qui n'ont pas vraiment envie de sortir pour l'Halloween!


Citrouille improvisée (avec chandail orange de papa!) et diablesse!

Mon petit diable et ses bonbons!

Même Luna a reçu une gâterie d'Halloween!

1er novembre : Une nuit au Cracker Barrel

Les journées passent... on voudrait tant être déjà au Mexique! On a une autre journée à errer. École, travail, stationnement de Walmart, et on termine la journée au Cracker Barrel. Ce restaurant-magasin général permet au VR de s’y stationner pour la nuit. Cet endroit ne nous a jamais vraiment attirés, mais on se résigne à y passer la nuit. Après quelques minutes de route, on y arrive et on y trouve même un stationnement spécifique pour les VR, wow! Après plusieurs journées à errer d’un stationnement à l’autre, on trouve que c’est vraiment parfait ici!  Pas de véhicule avec des moteurs modifiés qui viennent tourner autour de notre bus! Même si l’autoroute est tout près, le son est absorbé en grande partie par la bâtisse. À côté de notre bus, se trouve même un buisson tout en fleur! C’est fou comme nos standards se modifient rapidement. On garde confiance, ça ira... Les beaux jours sont à venir!



Une nuit au Cracker Barrel

Mercredi, 2 novembre : Un hôtel douteux...

Rien ne presse, on a seulement notre hôtel-appartement à 16h. Petit train-train quotidien. Je passe par toute la gamme des émotions durant ces étranges journées. Confiance absolue, découragement total. Je me répète qu’on est choyés d’être en famille, en santé, dans notre rêve de voyage. Même si actuellement notre voyage ne ressemble en rien à un rêve. Je pense à mon quotidien à la maison et à toutes les fois où je dis à Eric que j’ai l’impression de ne rien vivre, que j’ai besoin de m’éloigner, de partir... Alors, on est partis et partir implique toute sorte d’aventures, des positives, comme des négatives. Le vent va bien finir par tourner... Je pense quand même, à travers tout ça, au pourquoi du comment. Je sais que ça ne donne rien. Mes filles me le répètent tellement souvent. Cependant, c’est plus fort que moi. Pourquoi en bateau, les astres s’alignaient-ils toujours parfaitement? Les ouragans, la panne de moteur, chaque mauvais moment nous propulsaient vers un moment parfait. Pourquoi cette fois-ci, avons-nous l’impression de nous enliser? Aucune réponse. Peut-être sommes-nous pas suffisamment à l'écoute de signes?! Je me répète que ça ira.

Vers 15h, on se rend à notre fameux appartement... Depuis qu’on circule à Phoénix, chaque jour on se répète comme c’est beau partout! Chaque quartier, chaque centre commercial... Même si on a l’impression d’avoir fait le tour de la ville de nombreuses fois, on n’était pas encore passé par ici. Alors qu’Eric stationne Bleu Nomade, déjà, on sent qu’il y a quelque chose qui cloche... Eric va s’informer si on peut accéder à notre chambre dès maintenant. Il suit la personne de l’accueil, la réponse doit donc être positive. Il revient rapidement, en me disant qu’il y avait quelqu’un dans notre chambre, (un sans-abri?!) mais qu’ils vont nous en trouver une autre. On peut toutefois attendre dans l’entrée, car Eric doit repartir tout de suite pour aller porter l’autobus au garage. Il n’y a pas grand-chose qui stresse mon amoureux, mais là, je comprends vite qu’on n’est pas dans l’endroit le plus sécuritaire...

La personne à l’accueil me rassure. Ils ont un agent de sécurité! Les filles sont crampées. Il a l’air d’avoir 15 ans et de porter un déguisement d’Halloween! On n’est pas certaines de pouvoir se fier à lui! Vaut mieux se rappeler nos notions de karaté!

Après une trentaine de minutes, on se rend à un autre appartement, escortées par l’agent de sécurité. Personne ne squatte ici, c’est une bonne nouvelle!  Mais, ça pue!! L’endroit est vraiment douteux, mais on est là. On a des murs, des lits, une cuisine et une porte qui se barre. On se rend à la piscine pour en profiter un peu, car on sait que c’est probablement le seul moment où la température sera assez clémente pour une baignade. On annonce du froid et de la pluie pour le lendemain... nous qui avions loué cet endroit, entre autres pour la piscine! À travers les fenêtres, les gens nous observent. Il faut dire qu’on semble être les seules véritables touristes. Ce n’est pas la fin du monde!

La chaleur n’est pas tellement au rendez-vous, donc on ne s’éternise pas à la piscine et l’on revient vers notre chambre. L’odeur ne s’est pas améliorée. Eric nous rejoint pour le souper, en apportant la chandelle parfumée que mon amie Annie m’a offerte en cadeau de fête, avant notre départ!  Ah, les amies, comme elles sont précieuses!

Même si cette chambre provoque une grande dépense et qu’elle n’est pas à la hauteur de nos attentes, on tente tant bien que mal d’en rire, en mangeant à 6 sur 5 chaises, en partageant, Eric et moi, notre tasse de vin, car on n’a pas de verre, uniquement 5 tasses! Pouah!! Ça pourrait être pire, non?! On a du wifi, la télé (même 3 télés!), des toilettes (2), une douche avec de l’eau chaude. Le luxe, non?! Pourquoi se plaindre?! 

Vu d'un certain angle, c'est plutôt joli...

Souper à six sous une lumière jaune, avec 5 chaises et 5 tasses!

Jeudi, 3 novembre

J’espérais que miss météo se soit trompée et qu’on puisse sortir de notre chambre et profiter de la piscine. Eh non, il fait 10 degrés avec de la pluie. Aucune chance qu’on profite du grand air. On sort quelques fois à l’extérieur avec Luna, et l’on tourne autour des quelques bâtisses, sans sortir des murs qui encadrent le petit complexe. Eric n’est pas du tout craintif dans la vie, mais ici, il est assez catégorique. Donc, on reste ici, à tourner en rond. Au sens propre et figuré. École, travail... On tente d’avoir des nouvelles des travaux du côté de Canyon State Bus, mais on passe toujours par des intermédiaires. Ce n’est jamais trop clair. La seule chose qui est claire, c’est que les heures s’accumulent à 189$ US... plus de 250$ canadien. On a hâte de récupérer notre autobus et que tout ça soit derrière nous.

Vendredi, 4 novembre

Mes nuits sont plutôt blanches... Vers 2h mes yeux s’ouvrent et j’arrive à peine à me rendormir. Je tente de calmer mon esprit en pensant à tous ceux et celles que j’aime, en leur envoyant une aura de protection... Et je pense bien sûr à mes filles et à mon amoureux. Habituellement, ça a le même effet que compter les moutons, mais dans cette chambre, avec tous les bruits environnants, je ne replonge pas dans le sommeil. Pas grave. Encore une fois, je me répète qu’il y a pire.

La journée s’amorce doucement, alors que j’ai bien de la difficulté à voir le positif dans toute cette galère... La fatigue qui augmente, les mauvaises nouvelles qui s’accumulent et cette impression qu’on n’est jamais au bon endroit, tout ça n’aide pas à rester confiant. Habituellement, Eric et moi, on s’équilibre. Mais, là, on dirait que tous les deux, on vacille. Par chance que nos filles sont toujours zen. Il me semble qu’à leur âge, ça ferait longtemps que j’aurais dit : "Rapport!!!"  "Mais, ça n’a pas rapport tout ça. Je ne peux pas juste être avec mes amies plutôt que dans cette étrange histoire?!"

Mais, non, elles ne chialent jamais. Je me demande si elles sont aussi découragées que nous, sans qu’elles en parlent.

Je me ressaisis. Ça va aller! On ramasse toutes nos choses et l’on part. Deux heures de marche nous séparent du garage, ça va nous occuper en attendant que notre autobus soit prêt.


Un peu, beaucoup de déchets avec de tentes issées ici et là...

En sortant de notre petit complexe d’appartements, je comprends pourquoi Eric ne voulait pas qu’on s’éloigne trop de notre chambre. Les sans-abris sont nombreux. Une tonne de déchets se trouve aux abords du mur qui entoure les appartements. À travers ceux-ci, on peut se douter que plusieurs personnes y vivent. Ce n’est pas rassurant, mais en même temps, on est plutôt chanceux de ne pas dormir dans la rue, d’avoir toujours un toit au-dessus de nos têtes, ainsi que de la nourriture à chaque repas...

Après 1 heure, Eric recontacte le garage. L’autobus ne peut pas partir du garage, à moins qu’il parte sur une remorqueuse. Quoi?! On ne comprend plus rien. Il faut se rendre là-bas au plus vite. On accélère le pas, avec tous nos sacs sur le dos et dans les bras.  

Vers midi30, on y est. Je suis exténuée et plus capable de comprendre quoi que ce soit, en anglais. Ils ont une inquiétude pour un bearing de roue. Et surtout, en enlevant les calipers, ils ont brisé une hose. Ils tentent de trouver une nouvelle hose, mais pour l’instant, les réponses sont négatives. Pas de hose, pas de freins, donc... pas d’autobus.

Après une trentaine de minutes à patienter à l’extérieur, on nous propose d’aller dans la salle d’attente. On ne savait même pas qu’il y en avait une. Les chiens n’y sont, toutefois, pas admis. Eric et moi, on reste donc en plein soleil avec Luna. On n’a plus rien d’autre à faire que de prier pour qu’une hose soit trouvée... Les minutes passent et... les heures. Vers 15h, ils nous confirment qu’il n’y a aucun endroit à Phoénix qui ont ce type de hose. Il faut en commander une en Louisiane. Elle devrait pouvoir arriver mercredi. Mercredi?!

Pouvons-nous à tout le moins remettre les roues et rester sur le terrain du garage? À l’intérieur du barbelé, ce n’est pas possible, mais peut-être pourrions-nous rester dans l’entrée secondaire qui n’est pas utilisée? Après vérification, une autre réponse négative nous arrive. Ils refont l’asphalte cette fin de semaine, y compris l’asphalte de cette entrée. On ne peut pas avoir meilleur timing! Donc... donc... on n’a pas d’autres options que de se trouver une autre maison, alors qu’on n’a tellement plus de budgets pour ça... Mais non, je ne laisserai pas mes filles dormir dehors. Alors, go! C’est parti pour les recherches d’un AirBNB qui ne soit pas dans un quartier douteux... À 16h, on pense bien avoir trouvé, même si c’est hors de prix. Au garage, ils nous permettent d’aller dans l’autobus pour récupérer d'autres effets, mais seulement 1 ou 2 personnes. Je m’y rends avec Eric; on est tellement épuisés qu’on ne sait pas plus ce qu’on doit y prendre.

Ça me fait tout drôle de voir mon autobus, si froid, si vide, sans aucune vie. Depuis 4 mois, il y a toujours du mouvement dans Bleu Nomade, parfois trop, mais c’est rempli d’action! Là, il n’y a rien et je me demande s’il va y avoir une issue positive à tout ça, avant qu’on soit dans un pétrin financier insurmontable. On nous attend à l’extérieur pour fermer toutes les portes du garage, alors ce n’est pas vraiment le moment de m’étendre de tout mon long dans mon désespoir. Quelques sous-vêtements, 2 t-shirts, un peu de nourritures et vite, il faut aller rejoindre les filles. On termine la réservation du AirBNB. Il faut maintenant attendre la confirmation. Les minutes passent et le garage doit maintenant fermer ses portes barbelées. On sort du terrain, en espérant avoir une réponse positive pour la maison sous peu. On est à 6 heures de marche... donc, un taxi est nécessaire. Mais, l’option du Uber avec un chien est seulement pour 4 personnes!  J’appelle d’autres taxis, qui me disent qu’ils n’ont aucun véhicule pour 6. Le soleil baisse rapidement. Dans moins d’une heure, il fera noir. On doit trouver et vite.

Première bonne nouvelle, on reçoit la confirmation pour la location de la maison. On écrit aussi à un Uber « pour 6 », et on demande s'il accepte les chiens. On reçoit vite une réponse : oui, il adore les chiens. Il sera là dans 20 minutes. Il fait froid sur notre coin de rue de quartier industriel. Les larmes me montent aux yeux. Oui, oui, ça ira...

Notre chauffeur est là comme prévu et il est des plus gentils. On se colle à 7 dans son véhicule avec Luna à mes pieds. Encore une fois, on a droit à un coucher de soleil incroyable. Il y a du trafic, mais on est en sécurité et le conducteur nous confirme qu’on s’en va dans le plus beau quartier, rien à voir avec l’endroit où on s’est logés les 2 dernières nuits. À 18h30, on découvre une magnifique maison, tellement parfaite! Tout est parfait, vraiment! Eric et moi, on repart vers l’épicerie. Par chance, il y a un Safeway à seulement 10 minutes. À 20h, on est assis pour souper tous les 6, dans cet environnement apaisant. On est un peu loin les uns des autres pour faire notre traditionnel tchin-tchin, on n’est plus habitués à une si grande table... mais, c’est loin d’être un problème! On passe d’un extrême à l’autre, en bien peu de temps. Et, ça fait du bien de voir qu’il peut enfin y avoir du positif!

Une bonne nuit de sommeil nous permettra sûrement d’y voir plus clair dans les jours à venir!

Une maison tout propre qui sent bon et où tout est parfait!

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