Pis ton voyage? (prise 2)

Une journée paisible sur notre belle planète


Cette semaine, j’avais comme « souvenir Facebook » un texte qu’Eric avait écrit il y a 6 ans, nommé Pis, ton voyage? Il y racontait si bien comment il se sentait lorsque les gens lui posaient cette question, après notre année sur l’eau…

Cette fois-ci, on était prêts. On savait à quoi s’attendre…   On savait que les gens nous lanceraient cette question, avec un intérêt réel, mais sans avoir vraiment le temps d’entendre la réponse.  Et l’on part d’où avec cette question?  C’est long 1 an de voyage… Il s’en est passé des choses. Alors, les filles avaient préparé une réponse concise: Exigeant, mais extraordinaire!

On était donc prêts à entendre cette question et on s’attendait à ressentir un léger tiraillement au coeur…

Mais, rien de ce retour ne se compare à ce que l’on a vécu, il y a 6 ans. Mis à part, cette question: Pis ton voyage… ou parfois… Pis tes vacances?

C’est tout de même fascinant, on sait qu’il n’y a pas deux voyages pareils, et qu’il n’y a pas deux retours pareils, non plus… Mais, cette fois-ci, le choc du retour a été quasi nul. On a très peu parlé de notre année sur la route, sans ressentir de tiraillement, et on a repris le petit train-train quotidien, comme si rien ne s’était passé durant la dernière année, comme si on n’avait jamais quitté notre maison. 

Florane a trouvé les mots justes: Notre année en autobus, c’est comme une parenthèse qu’on a ouverte et puis refermée. C’est là, quelque part, mais c’est un peu aussi comme si ça n’existait pas. Vraiment bizarre. Comme si on avait vécu tout ça dans une vie parallèle.

Le retour s’est aussi fait tout en douceur, probablement car nos filles sont déjà grandes, et qu’on apprécie particulièrement les voir prendre leur propre chemin. Aucun déchirement cette fois-ci. On est juste heureux pour elles. On adore les avoir près de nous, mais on est aussi conscients qu’à leur âge, c’est parfait aussi qu’elles soient par moment loin de nous.

Même si aucune d’entre elles n’avait envie de reprendre le chemin de l’école; elles n’avaient surtout aucune envie de se retrouver dans une foule, encore moins envie d’être dans un cadre; elles sont tout de même reparties chacune de leur côté vers leur école respective, ouvertes à ce que cette nouvelle année allait leur apporter, mais surtout heureuses de retrouver leurs amies. 

Notre année en voyage nous a permis de nous remplir. Cette soif, je dirais même ce besoin, que j’avais de repartir à tout prix en famille a été totalement assouvie. On a emmagasiné des moments précieux, d’autres moments plus difficiles, et on a tous fait des constats nécessaires pour la suite de nos vies. L’année en autobus n’a pas été facile, elle a été des plus exigeantes, déstabilisante à bien des égards, mais ô combien précieuse. Notre cerveau a photographié des endroits extraordinaires, notre corps a vécu des sensations particulières que ce soit sur une planche de surf, lors de chaleur intense ou encore lors d’une explosion d’un pneu  et notre cœur a vibré de tant des façons, entre autres, en admirant ces mamans tortues venir pondre sur la plage avec tant de confiance…

Même si j’ai toujours envie de découvrir de nouveaux endroits sur notre si belle planète, pour le moment, je sais que ma place est ici… Ça aussi, ça diffère de notre retour d’il y a 6 ans, alors que tout mon être voulait être ailleurs.

Même lorsque je suis dans le décor fade d’un hôpital, il n’y a aucun autre endroit au monde où je voudrais être davantage, car les gens les plus importants pour moi s’y trouvent… En fait, il y a plein d’autres endroits où je préférais être si mon père n’avait pas besoin de patienter aussi souvent durant de longues journées dans cet endroit... Mais, après quelques visites, alors que mon téléphone se connecte par lui-même au wifi du CHUM, que je connais bien le fonctionnement du stationnement et que j’ai un peu trop de points de repère dans cet immense bâtiment… force est de constater qu’on trouve notre bien-être, indépendamment du lieu. Ce sont les gens, au-delà du décor, qui rend les moments précieux. Et partout, il est possible de voir le merveilleux… au 14e étage, même en tournant en rond dans les corridors, Montréal se dévoile à nous sous divers angles. 

Lire entre les lignes... ou voir entre elles  (Crédit photo:: Vicky Brunet)

Temps clair et spectacle des nuages  (Crédit photo:: Vicky Brunet)

Voir plus loin que ce qui se dresse d'abord devant nous...  (Crédit photo:: Vicky Brunet)

magnifique ville et fleuve au loin...  (Crédit photo:: Vicky Brunet)


On peut admirer entre autres les voiliers sur le fleuve et se nourrir des moments du passé, en pleurant un peu en sachant qu’ils ne reviendront pas pour mon père… en tout cas, pas dans cette vie. Mais que, malgré tout, la vie continue. Le soleil se lève encore et toujours… et puis il se couche à nouveau, en nous laissant un spectacle coloré. On peut encore être tout simplement ici et maintenant, profiter du moment présent, et avoir de nombreux fous rires, mais lorsque tout est triste.

C’est aussi ça le grand voyage de la vie, la plus belle et la plus grande des aventures. Et l’intensité des émotions est directement proportionnelle à l’intensité des moments vécus…

 



L’autre matin, Eric a démarré le moteur de l’autobus. Étrangement, ce vrombissement, qui nous a tant exaspérés par moment, a résonné en moi, laissant uniquement un goût de découverte. Mon cerveau s’excitait : partons-nous vers de nouveaux horizons? Allons-nous vivre une nouvelle aventure? Découvrir un lieu inconnu?  Tout mon être avait envie de sauter dans l’autobus!

J’ai souri en pensant à ce que mes filles m’ont dit plusieurs fois durant l’année, lorsque je comparais notre quotidien avec celui qu’on avait sur l’eau : maman, en bateau aussi tu trouvais ça dur souvent… En bateau aussi ce n’était pas toujours rose…  En bateau aussi…

Et moi, je leur disais que non… c’était bien plus facile sur l’eau… bien moins exigeant…

Peut-être qu’elles avaient raison et que j’ai oublié les points négatifs de notre vie en voilier… Mais, ceux en autobus sont encore très frais dans ma mémoire… malgré tout, je partirais demain matin à bord de Bleu Nomade! (bon, peut-être pas demain matin, parce qu’on a une fuite de prestone!) Je partirais parce que je sais que la vie en voyage, même si elle peut être parfois stressante, décourageante… nous permet de voir tout ce qui nous entoure avec d’autres yeux… et surtout, cette vie de voyage fait en sorte qu’il n’y a pas deux journées pareilles…  D’ailleurs, j’ai été un peu troublée en début d’année scolaire, lorsqu’après 3 jours à sortir avec Luna en même temps que Daphné et Florane allaient prendre leur autobus, j’ai remarqué que tout autour de moi bougeait exactement de la même façon jour après jour… les gens, les voitures, tout…  je sais que la routine apporte du positif… mais parfois on s’endort aussi dans cette routine, ce dont il faut se méfier. Car la vie est trop précieuse pour ne pas vivre pleinement chaque jour que l’on a sur cette planète.

 

En fait, je partirais à nouveau, parce que je sais que la vie passe vite. Nos deux années en voyage nous l’ont si bien démontré. On sait, consciemment, qu’on a vécu tellement de moments extraordinaires et pourtant, on a cligné des yeux et on était déjà de retour dans le confort de notre maison. Cependant, tous ces moments, on les conserve, dans notre tête et au plus profond de notre cœur.

Car, il arrive un moment où on ne peut plus partir… En fait, il ne reste plus qu’un seul voyage, avec un billet aller seulement.  À cet instant, vaut mieux avoir la tête et le cœur rempli de moments extraordinaires.

Toutefois, pour l’instant, rien ne presse… Car, le voyage se déroule aussi ici, chaque jour. Notre quotidien fait partie de l’aventure.

Un jour à la fois. Sur cette merveilleuse planète.



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