Les vagues de la vie, ou pourquoi on doit tous apprendre à surfer, au sens propre ou figuré...

Une vague à la fois!


On a surfé pour la première fois en Oregon, en septembre dernier, alors qu’il faisait environ 15 degrés et que l’eau était glacée. Avec un wetsuit de 5 mm, étonnamment, je n’ai aucunement ressenti le froid.  Seulement mon visage et mes mains me rappelaient à quel point l’eau était glacée.

À ce moment, je n’avais aucune attente. Seulement affronter avec zénitude les vagues de l’océan. Lorsque je dis qu’on a surfé, cela ne veut pas nécessairement dire qu’on a réellement réussi à se lever sur notre planche. Cela veut simplement dire qu’on a tenté tant bien que mal de tenir debout une fraction de seconde pendant qu’une vague nous prend.

Et puis à la Lancha près de Punta de Mita, on a réussi davantage; ainsi qu’à Barrade Navidad.

À la Ticla, j’ai pris des bouillons et des bouillons, les vagues étaient si grosses et puissantes
que l’une d’entre elles a même fragilisé une de nos planches. C’est normal, ici, de casser des planches, même celles en fibre de verre. Ça fait partie des risques qui augmentent l’adrénaline associée au plaisir de jouer dans le terrain des pros! Adrénaline que je ne recherche aucunement... mais qui vient titiller certaines de mes filles!

On a ensuite surfé à Nexpa, alors qu’exceptionnellement, il y avait des vagues de débutants.

Et nous sommes finalement arrivés à La Saladita. On dit que c’est le meilleur endroit au monde pour apprendre à surfer. On a d’abord été  étonnés de voir la quantité de gens.

Mais, ici, malgré l’achalandage constant sur l'eau, j’ai compris certaines choses sur les vagues... qui nous enseignent aussi sur la vie!

Parfois, on cesse de pagayer, alors qu’on peut continuer de toutes nos forces et peut-être réussir à prendre cette vague qui ne semblait pas avoir suffisamment de puissance. Parfois, c’est effectivement le cas, et on travaille pour rien, mais parfois, on a le déclic, et on réalise que la vague s’accélère et qu’en fait c’est le moment parfait pour se lever sur notre planche.

Parfois, on n’est pas placé à la bonne place et on se dit : oh, mon Dieu, elle va se briser sur moi!!  On tente tant bien que mal de se caler dans l’eau, ou on ne réagit pas assez vite et effectivement la vague se brise sur nous, nous entrainant dans le fond de l’eau ou nous faisant tournoyer en prenant quelques bouillons au passage... mais j’ai réalisé qu’on peut aussi se cramponner à notre planche, en surveillant la vague derrière soi et en restant bien droit. En se brisant, elle nous entraine avec nous avec toute sa puissance et l’on peut ensuite se lever et terminer la vague en pratiquant notre équilibre.

Toutefois, lorsque j’ai finalement compris où il fallait se placer pour prendre la vague, juste un peu avant qu’elle se brise, et que j’ai pu pour une fois me lever avec toute la puissance de celle-ci, j’ai eu l’impression que toutes les autres fois où je me suis levée dans le « blanc » de la vague, n’étaient pas de « vraies » fois...  Et j’ai alors été déçue de toutes ces fois... Et pourtant...  C’est aussi ça la vie.

Affronter les vagues, tournoyer avec elles... comprendre aussi qu’il est possible qu’elle nous amène tout au fond de l’eau, mais qu’on remontera ensuite à la surface. Il faudra bien sûr surveiller les autres vagues qui arrivent, une vague arrive rarement seule; se préparer à affronter les autres tourbillons, ou encore tourner le dos à la prochaine vague, tout en surveillant derrière soi et accepter qu’elle nous prenne avec toute sa puissance. Avoir confiance que même si elle se casse sur nous, si on est bien placé derrière notre planche, on réussira à surfer sur elle. En fait, même si l’on demeure couché sur sa planche, ça reste un exploit d’y demeurer tout simplement. Attendre quelques secondes, le bon moment pour soi, et se lever tout en conservant son équilibre. Accepter que cela dure 2-3 secondes, parfois moins, parfois beaucoup plus...  Accepter aussi qu’il soit possible de tomber ensuite dans les rochers, se faire mal un peu, quelques coupures, des égratignures. Malgré la douleur soudaine, on devra vite regagner notre planche, pagayer avec vigueur pour s’éloigner des vagues qui se brisent, et enfin trouver un endroit avec une petite accalmie pour reprendre ses esprits, retrouver un peu d’énergie, avant de retourner dans les vagues.

Le surf, c’est un peu comme la vie. On ne sait jamais comment sera la prochaine vague. Mais, on sait qu’il y en aura toujours. Elles peuvent être excitantes, exaltantes, apporter le plus grand des bonheurs lorsqu’on réussit à surfer avec elle, mais elles peuvent aussi être terrifiantes.

Toutefois, même celles qui nous effraient, demeurent en fait qu’un amoncellement d’eau. Et cette eau, on peut toujours choisir comment on l’affronte. On peut ramer un peu sur le côté et l’éviter. On peut alors l’admirer dans toute sa grandeur, en se disant qu’on n’est pas prêt à ça, pas encore... D’autres moments, lorsqu’elle se forme, il est trop tard pour l’éviter. Peut-être étions-nous distraits, par le lever du soleil ou par n’importe quoi d’autre... ou peut-être s’est-elle réellement formée à la dernière minute?! On peut alors être surpris en la traversant sans problème, alors qu’elle passe sans se casser; elle se cassera quelques mètres plus loin!  On peut aussi décider de pagayer de toutes ses forces et se trouver exactement au bon endroit pour surfer avec la puissance de la vague, juste à côté de l’endroit où elle se brise... Et d’autres fois, on n’a pas le choix de l’affronter... Mais peu importe, qu’on lui tourne le dos ou non, une chose est certaine, on réussira toujours à remonter à la surface et, dans le meilleur des cas, on surfera sur son dos, couché ou debout... et on finira par trouver notre équilibre... Et les vagues continueront, encore et encore. Plus ou moins rapprochées selon l’état de la mer, selon l’endroit où l’on se trouve.

Une vague à la fois.

Il suffit d’accepter qu’elles seront toujours là, accepter de les affronter une à la fois...

mais surtout d’y prendre plaisir...

même si l’on sait que certaines ne nous laisseront pas totalement indemnes.


Cynthia

Commentaires

  1. Quelles belles réflexions. Le surf, ça fait peur souvent… comme la vie.

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